L'agence fédérale américaine de l'aviation civile (FAA) a demandé samedi l'immobilisation pour inspection de quelque 171 avions de ce modèle, touchant notamment des compagnies comme United Airlines, Turkish Airlines ou Aeromexico.
Vendredi soir, une porte s'est détachée d'un 737-9 après le décollage de Portland (Oregon), sur un vol intérieur de la compagnie Alaska Airlines, alors que l'avion avec 171 passagers et 6 membres d'équipage à bord se trouvait à près de 5000 m d'altitude.
Les images spectaculaires de l'incident, qui n'a fait que des blessés légers, montrant un trou béant en plein ciel, ont fait le tour du monde.
‼️ Un Boeing d’Alaska Airlines perd une partie de fuselage en vol - 05/01/24
— Aero Gazette ✈️ (@AeroGazette) January 6, 2024
🔸En montée vers 15 000 ft, le Boeing 737 MAX-9 opérant le vol #AS1282 a perdu un panneau + hublot gauche
🔸La décompression qui s’en est suivi a nécessité une descente rapide et un atterrissage… pic.twitter.com/UnlLfvOdA5
L'enquête de l'agence américaine chargée de la sécurité des transports, la NTSB, vient de débuter et aucune conclusion n'a encore été tirée de ce dysfonctionnement.
La porte de l'avion a finalement été retrouvée dans le jardin d'un certain Bob, enseignant à Portland, indique ce lundi la BBC. «Nous sommes très heureux que Bob l’ait trouvé», a fait savoir la cheffe du National Transportation Safety Board (NTSB), en charge de l’enquête.
Celui-ci vient s'ajouter à toute une série de déboires qu'a connus le groupe d'Arlington (Virginie) ces dernières années, concernant notamment ce modèle d'appareil.
Les plus sérieux d'entre eux ont été les crashes de deux 737 MAX, en octobre 2018 en Indonésie et en mars 2019 en Ethiopie, qui ont causé la mort de 346 personnes au total.
Après ces accidents, liés au logiciel de pilotage MCAS, tous les 737 MAX avaient été cloués au sol durant 20 mois.
Mais le constructeur américain a aussi suspendu, à plusieurs reprises, durant près de deux ans au total, les livraisons de son long-courrier 787 pour des défauts de fabrication et d'inspection.
Plus récemment, c'est de nouveau le 737 MAX qui a fait parler de lui, après la découverte, à l'automne, de malfaçons sur la cloison étanche arrière de l'appareil, puis, en décembre, d'un risque de boulon desserré sur le système de contrôle du gouvernail.
Dans le cas de l'incident de vendredi, le décrochage peut être lié à la fabrication de la porte ou des vis, mais aussi à la pose et au contrôle qualité, explique Scott Hamilton, du site spécialisé Leeham News.
«Si c'est un problème d'installation et de qualité, lié à Boeing ou à Spirit AeroSystems», son plus important sous-traitant, «il est probablement limité», estime l'analyste.
«Pour moi, c'est un problème très isolé», abonde Michel Merluzeau, spécialiste du secteur aéronautique pour le cabinet AIR. «Je ne vois pas du tout un problème de design.»
Une hypothèse validée, selon lui, par la nature de l'inspection demandée par la FAA, réalisable en 4 à 8 heures seulement, selon le régulateur américain.
Au printemps 2020, Boeing a ainsi suspendu sa production durant près d'un mois. Face au ralentissement brutal du transport aérien, la société centenaire a licencié quelque 30 000 personnes.
Boeing a recommencé à embaucher massivement en 2022, mais de nombreux anciens ne sont pas revenus.
«Vous avez beaucoup de gens nouveaux, qui doivent faire leur apprentissage», explique Scott Hamilton.
«L'expérience est quelque chose qui est très très important dans cette industrie», abonde Michel Merluzeau. (ats/asi)