L'unique clinique pratiquant des interruptions de grossesse dans l'Etat du Mississippi a fermé ses portes mercredi pour la dernière fois.
L'établissement «Jackson women's health organization», surnommé la «Maison rose» en raison de la couleur de ses murs, a réalisé ses dernières interventions avant l'entrée en vigueur, jeudi, d'une loi interdisant toutes les interruptions volontaires de grossesse (IVG) dans cet Etat pauvre et conservateur du Sud.
La clinique a gagné, bien malgré elle, une notoriété internationale en étant à l'initiative de la procédure judiciaire ayant débouché, le 24 juin, sur la décision de la Cour suprême d'enterrer son arrêt «Roe v. Wade» qui, depuis 1973, garantissait le droit des Américaines à avorter.
L'établissement avait en effet porté plainte contre une loi du Mississippi qui réduisait les délais légaux pour avorter. La haute juridiction, profondément remaniée par Donald Trump, s'est servie de ce dossier pour rendre à chaque Etat la liberté d'annuler ou d'interdire les IVG sur leur sol.
Treize Etats avaient anticipé ce changement et adopté des lois conçues pour entrer immédiatement en vigueur. Celle du Mississippi, adoptée dès 2007, est assortie de peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison en cas d'infraction. Elle ne prévoit d'exception qu'en cas de danger pour la vie de la mère, mais pas de viol ou d'inceste.
La Maison rose avait demandé à la justice locale de bloquer cette loi, mais les tribunaux ont refusé, ne lui laissant plus d'autre choix que de fermer.
La plupart des Etats voisins étant tout aussi hostiles à l'avortement, les femmes enceintes du Mississippi ne souhaitant pas poursuivre leur grossesse devront avoir recours, seules, à la pilule abortive ou parcourir des centaines de kilomètres pour avorter en Illinois.
Ailleurs dans le pays, plusieurs autres établissements ont mis la clé sous la porte. Le groupe Whole woman's health a ainsi annoncé mercredi fermer ses quatre cliniques du Texas pour en ouvrir une nouvelle dans l'Etat voisin du Nouveau-Mexique.
La seule clinique du Missouri à Saint-Louis a également cessé toute procédure dès le 23 juin. Des batailles légales ont retardé l'échéance en Louisiane, par exemple, mais, à terme, l'accès à l'avortement devrait disparaître dans la moitié des Etats américains. (ats/jch)