«Je présumais qu'ils s'occupaient de lui»: un des policiers, jugé pour sa passivité lors du meurtre de l'Afro-Américain George Floyd, a nié mardi toute responsabilité dans le drame. Il a pris soin de se distinguer de ses collègues.
Vêtu d'un costume sombre, Tou Thao, 35 ans, a témoigné dans le cadre d'un procès fédéral ouvert le 20 janvier à Saint Paul, dans le nord des Etats-Unis, contre trois policiers impliqués dans la mort du quadragénaire noir.
Premier des accusés à monter à la barre et à s'exprimer publiquement dans ce dossier qui a bouleversé le monde, ce fils de réfugiés laotiens a insisté sur le fait que, pendant l'agonie de George Floyd, il se tenait à distance:
Ce 25 mai 2020, Alexander Kueng et Thomas Lane, deux nouvelles recrues de la police de Minneapolis, avaient été appelés par un commerçant qui soupçonnait George Floyd d'avoir utilisé un faux billet de 20 dollars pour payer un paquet de cigarettes.
Alors qu'ils peinaient à faire entrer dans leur véhicule cet homme à la stature imposante, ils avaient été rejoints par deux agents expérimentés, Tou Thao et Derek Chauvin.
Derek Chauvin s'était alors agenouillé sur son cou, les deux nouveaux à ses côtés, tandis que Tou Thao gardait les passants, affolés, à distance. Les quatre hommes n'avaient plus bougé, malgré les râles du quadragénaire.
La scène, filmée et mise en ligne, avait déclenché d'immenses manifestations contre le racisme et les violences policières dans tous les Etats-Unis.
En juin, Derek Chauvin a été reconnu coupable de meurtre et condamné à 22 ans et demi de prison par la justice de l'Etat du Minnesota. Ses trois collègues seront jugés dans ce cadre à partir du 13 juin prochain pour «complicité de meurtre».
Ses trois collègues comparaissent donc sans lui depuis près de trois semaines. Ils sont notamment accusés de ne pas avoir apporté les secours nécessaires au quadragénaire, malgré les signes de détresse médicale, alors que c'est une obligation pour les policiers.
A la barre, Tou Thao a assuré n'avoir «eu aucune idée» de la gravité de l'état de George Floyd avant l'arrivée des secours. Pressé par l'accusation, il a redit avoir «présumé» que ses collègues s'en occupaient.
Mais il a dû reconnaître qu'il avait vu Derek Chauvin mettre son genou sur le cou du quadragénaire. Il a également admis avoir souvent regardé ce qu'il se passait derrière lui. «Ca veut dire que vous saviez que George Floyd ne résistait pas?», lui a demandé la procureure. «C'est possible», a-t-il répondu, visiblement en difficulté. Le contre-interrogatoire doit reprendre mercredi.
Les deux autres accusés qui, à eux deux, avaient dix patrouilles à leur actif, devraient aussi monter à la barre. Ils devraient insister sur l'ascendant exercé par Derek Chauvin et ses 19 ans d'expérience dans la police. (ats/jch)