Les autorités boliviennes ont fait défiler jeudi des détenus menottés devant les médias, annonçant 17 arrestations au lendemain du coup d'Etat manqué dans un pays en proie à une grave crise économique.
La tempête institutionnelle n'a soufflé que quelques heures mais suffisamment pour laisser apparaître les failles d'un pays en grave déclin économique, plongé dans une bataille de succession au plus haut niveau avec la présidentielle de 2025 en point de mire.
Les motivations du chef de l'armée Juan José Zuniga, qui avait installé des hommes et blindés sur la place Murillo, face au parlement et au palais présidentiel, restent confuses.
Le président Luis Arce, dégradant le général Zuniga et faisant prêter serment mercredi à un nouveau commandement des forces armées, a affirmé au contraire qu'il s'agit d'une «tentative de coup d'Etat par des militaires qui salissent l'uniforme».
Jeudi, il a présenté devant les médias 15 autres personnes arrêtées, menottées, entourées de policiers. «Cette opération était planifiée depuis le mois de mai», a-t-il affirmé, ajoutant que trois autres suspects étaient recherchés.
Restent des images fortes. Celle d'une porte du palais présidentiel forcée par un blindé et l'entrée dans la cohue du général Zuniga, la sécurisation de la place et des tirs de gaz lacrymogènes par les militaires faisant huit blessés, ainsi que les images de la conversation entre le président et le chef de l'armée, diffusées par la présidence:
Le général le regarde et lui répond par un «non» catégorique.
Les condamnations de l'action du général Zuniga ont afflué. La Suisse a condamné cette tentative de putsch. La Confédération «exige le rétablissement le plus vite possible de l'ordre constitutionnel», a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Keystone-ATS.
Un millier de ressortissants suisses sont enregistrés en Bolivie, et une trentaine sont en contact via l'application TravelAdmin.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit «profondément inquiet» et l'Organisation des Etats américains (OEA) a averti qu'«aucune violation de l'ordre constitutionnel» en Bolivie ne serait tolérée. La Russie, l'Espagne ou la France ont appelé au respect de la démocratie et de la constitution.
Condamnant également, les Etats-Unis ont dit jeudi que «les événements (...) montrent clairement que la démocratie reste fragile dans notre hémisphère». (jch/ats)