Le président brésilien sortant Jair Bolsonaro a demandé mercredi à ses partisans de «débloquer les routes», en référence aux barrages maintenus dans plus de la moitié des Etats, même s'ils étaient moins nombreux que la veille.
Cette journée de mobilisation a été entachée par un épisode violent: sur un barrage routier près de Mirassol, dans l'Etat de São Paulo (sud-est), un automobiliste a percuté des manifestants, faisant au moins sept blessés selon la chaîne CNN.
Ces protestations avaient lieu au lendemain de l'allocution de Jair Bolsonaro, ex-capitaine de l'armée nostalgique de la dictature militaire (1964-85), battu de peu dimanche par Lula. Il a rompu mardi un lourd silence de deux jours pour dire qu'il «respecterait» la constitution et a donné le feu vert à la transition avec son successeur de gauche Lula.
Mais il a aussi délivré un message reçu comme un encouragement par ses soutiens:
A São Paulo, des milliers de «bolsonaristes» manifestaient mercredi devant le commandement militaire du sud-est, exigeant une intervention de l'armée aux cris de «intervention fédérale tout de suite».
Une manifestation similaire devant le quartier général de l'armée à Brasilia réunissait également des milliers de protestataires, certains scandant «résistance civile».
Même scénario à Rio de Janeiro, où des milliers de manifestants chantaient devant le commandement militaire: «Lula, voleur, ta place est en prison», selon un journaliste de l'AFP.
«On demande [...] une intervention militaire pour que notre pays ne devienne pas communiste», a expliqué Rodrigo da Mata, un vendeur de 41 ans, à São Paulo:
Des saluts nazis ont été filmés lors de manifestations dans l'Etat méridional de Santa Catarina. Selon le site d'informations UOL, des manifestations en faveur d'une intervention de l'armée ont eu lieu mercredi devant des bâtiments militaires de 11 Etats (sur 27) du pays.
Le nombre de barrages routiers a baissé de près de moitié mercredi: la police de la route fédérale (PRF) a annoncé avoir enregistré 146 barrages, contre 271 la veille, dans 16 Etats du Brésil, selon un bilan publié mercredi après-midi:
Leur nombre a drastiquement baissé à partir du moment, où la police a commencé à faire usage de la force avec l'aval de la cour suprême, qui l'a exhortée à recourir à «tous les moyens nécessaires» pour débloquer les chaussées. Les barrages ont entraîné des difficultés d'approvisionnement au Brésil, qui compte presque exclusivement sur le transport routier pour l'acheminement des biens et produits alimentaires.
La confédération nationale des industries a averti dès mardi du «risque de pénurie et de manque de combustible» si les barrages routiers n'étaient pas rapidement levés. Le site d'informations G1 estimait pour sa part que 70% des supermarchés constataient déjà des ruptures d'approvisionnement de certains produits. (ats/jch)