Peu avant la visite de la commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, au Xinjiang, un consortium international de journalistes a publié de nouvelles preuves de l'internement massif des Ouïghours en Chine. Des photos, des discours et des instructions des autorités prouvent que les camps ne sont pas, comme le prétend le gouvernement chinois, des «centres de formation professionnelle», ont déclaré mardi plusieurs médias internationaux.
Ainsi, on trouve dans l'ensemble de données un discours de l'ancien chef du parti de la région du Xinjiang datant de 2017 et jusqu'ici inconnu, dans lequel il est dit que tout prisonnier qui tente de s'échapper, même de quelques pas, doit être «abattu».
Par ailleurs, des images montrent des forces de sécurité armées de fusils d'assaut. Une photo montre en outre un détenu dans une chaise tigrée - un dispositif de torture qui étire les jambes.
The full set of 2,884 images from the #XinjiangPoliceFiles can be found here 👇🏻https://t.co/kXMwKZltBd pic.twitter.com/jUpLk2F8Hc
— Arslan Hidayat.ئارسلان ھىدايەت (@arslan_hidayat) May 24, 2022
L'ambassade de Chine aux Etats-Unis a donc déclaré que les mesures prises au Xinjiang visaient à lutter contre le terrorisme.
L'ensemble des données dévoilées a été transmis à l'anthropologue allemand Adrian Zenz. Ce dernier est un chercheur sur la Chine bien connu aux Etats-Unis, qui a très tôt attiré l'attention sur les violations présumées des droits de l'homme au Xinjiang et a été sanctionné par Pékin en 2021. Il a partagé les données avec 14 médias occidentaux au total.
Le président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec la Chine, l'Allemand Reinhard Bütikofer (Verts), a demandé au Spiegel de nouvelles sanctions contre la Chine. Les images d'horreur devraient amener l'Union européenne à prendre clairement position.
Révélations sur la machine répressive de la #Chine contre les #Ouïgours dans les pseudo “centres de formation professionnelle”du #Xinjiang #xinjiangpolicefiles – via @LaMatinale_M https://t.co/7GfKUMqNYc
— nathalieguibert (@nathalieguibert) May 24, 2022
La commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, doit se rendre mardi et mercredi dans les villes d'Urumqi et de Kashgar au Xinjiang. Des représentants de l'ethnie ouïghour lui ont demandé de ne pas devenir un outil de propagande du gouvernement chinois lors de son voyage.
Beaucoup d'Ouïghoursont perdu tout contact avec des membres de leur famille en Chine depuis des années - comme Jevlan Schirememet qui affirme ne plus avoir parlé à sa mère depuis quatre ans. Il espère que Michelle Bachelet «pourra également demander au gouvernement chinois où se trouve ma mère», a-t-il déclaré.
Nursimangul Abdureschid a également déclaré avoir perdu le contact avec sa famille dans la région frontalière chinoise depuis des années. Elle a souligné:
Le gouvernement de Pékin est accusé d'avoir interné dans des «camps de rééducation» plus d'un million d'Ouïghours et d'autres minorités musulmanes de la région située à l'extrême ouest du pays. Pékin est notamment accusé de stérilisations forcées et de travail forcé.
En outre, les autorités doivent raser les sites culturels. Toute la région est placée sous haute surveillance. Les Etats-Unis parlent de génocide. Ils avaient également exprimé des doutes quant au fait que Michelle Bachelet obtiendrait une image «non manipulée» de la situation. La Chine conteste avec véhémence ces accusations.
(t-online/lw)