Au lendemain de la reconduction à l'unanimité de Xi Jinping pour un troisième mandat à la présidence chinoise, les députés ont élu Li Qiang, seul candidat à ce poste, par 2936 voix contre trois et huit abstentions. L'image de cet ancien responsable du parti communiste (PCC), 63 ans, à Shanghaï, avait été quelque peu ternie au printemps lors du confinement chaotique de sa ville pour lutter contre le Covid-19.
Après sa désignation, Li Qiang a prêté serment sur la Constitution. Poing droit levé et main gauche sur le document, il a juré de «travailler dur à l'édification d'un grand pays socialiste moderne».
Le premier ministre chinois est à la tête du Conseil d'Etat. Sa fonction est traditionnellement associée à la gestion quotidienne du pays et à la conduite de la politique macroéconomique.
Li Qiang, qui avait été propulsé au rang de numéro deux du PCC en octobre, ne dispose d'aucune expérience au niveau du gouvernement central, contrairement à la quasi-totalité des ex-premiers ministres.
Il a cependant accompli un parcours riche au sein de l'administration locale, endossant d'importantes fonctions de direction dans les riches provinces côtières du Zhejiang (est) et du Jiangsu (est).
Li Qiang était le chef de cabinet de Xi Jinping lorsque celui-ci était à la tête du parti dans le Zhejiang entre 2004 et 2007. Ses promotions, rapides depuis lors, reflètent le haut niveau de confiance que lui accorde le numéro un chinois. Samedi, au palais du Peuple à Pékin, Xi Jinping et Li Qiang sont apparus complices au moment du vote, échangeant des amabilités avec sourire.
Li Qiang prend ses fonctions à un moment où la deuxième économie au monde fait face à un net ralentissement, affaiblie par près de trois ans d'une inflexible politique dite du «zéro Covid». Pour 2023, le gouvernement s'est fixé un objectif de croissance du produit intérieur brut (PIB) d'«environ 5%», l'un des plus faibles depuis des décennies.
Le premier ministre sortant, Li Keqiang, un économiste de formation, avait vu ses projets de réformes économiques entravés par l'autorité grandissante de Xi Jinping. «Il est peu probable que Li Qiang ait l'autorité nécessaire pour développer davantage» cette voie, indique à l'Agence France-presse (AFP) le politologue Willy Lam, de l'université chinoise de Hong Kong.
D'autant plus que Xi Jinping «insiste sur la nécessité d'un contrôle plus strict de l'économie par l'Etat et le parti», à rebours de la pratique en vigueur depuis la fin des années 1970, souligne Lam.
Samedi, les députés ont par ailleurs désigné Zhang Youxia et He Weidong comme vice-présidents de la Commission militaire centrale, dont Xi Jinping est président. Zhang Jun hérite, lui, du poste de président de la Cour suprême.
Ying Yong, ancien chef du parti de la province du Hubei (centre), où les premiers cas de Covid-19 ont été découverts, a été élu procureur général du Parquet populaire suprême. Liu Jinguo devient pour sa part le responsable de la Commission nationale de supervision, l'organisme qui s'occupe de la lutte anti-corruption. (chl/ats)