«La crise climatique nous tue»: des experts médicaux internationaux dénoncent mercredi la trop grande dépendance mondiale aux énergies fossiles. Celles-ci sont à l'origine du dérèglement climatique, qui entraine des effets délétères sur la santé.
Une étude est menée chaque année par 99 experts issus de 51 institutions, notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Organisation météorologique mondiale (OMM), sous la supervision de l'University College de Londres.
Bien que les pays et les systèmes de santé doivent faire face aux retombées de la pandémie de Covid-19, l'analyse est publiée à quelques jours de l'ouverture de la réunion onusienne sur le climat COP27 à Charm el-Cheikh.
Or, «la dépendance excessive et persistante vis-à-vis des combustibles fossiles aggrave rapidement le changement climatique» et «engendre des répercussions dangereuses pour la santé», souligne l'étude.
Par ailleurs, les décès liés à la chaleur ont augmenté de 68% entre 2017 et 2021 par rapport à 2000-2004, et l'exposition humaine aux jours à haut risque d'incendie a augmenté de 61% sur des périodes similaires.
Le changement climatique affecte également la propagation des maladies infectieuses, montre le rapport. La période propice à la transmission du paludisme a augmenté de près d'un tiers (32.1%) dans certaines régions des Amériques et de 14% en Afrique au cours de la dernière décennie, par rapport à la période 1951-1960. Au niveau mondial, le risque de transmission de la dengue s'est accru de 12% sur la période.
L'ONU réclame depuis longtemps des investissements dans les énergies renouvelables et la résilience climatique. Il y a un an, l'OMS avait estimé qu'entre 2030 et 2050, près de 250 000 décès supplémentaires par an seraient imputables au changement climatique.
Selon l'étude, les pays contribuent eux-mêmes à ces crises sanitaires en subventionnant les énergies fossiles: 69 des 86 gouvernements analysés subventionnent la production et la consommation de combustibles fossiles, pour un total net de 400 milliards de dollars en 2019.
Résultat: «l'intensité en carbone du système énergétique mondial (secteur qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre) a diminué de moins de 1% par rapport à 1992» et «au rythme actuel, une décarbonation complète de notre système énergétique prendrait 150 ans», est-il souligné.
Pour faire face, les auteurs appellent à une «réponse centrée sur la santé». Ainsi, l'amélioration de la qualité de l'air permettrait d'éviter les décès résultant de l'exposition aux combustibles fossiles, dont le nombre s'élève à 1,3 million pour la seule année 2020. Et l'accélération de l'évolution vers des régimes alimentaires végétaux permettrait de réduire 55% des émissions agricoles et d'éviter jusqu'à 11,5 millions de décès annuels liés à l'alimentation. (ats/jch)