Les pays riches ont «probablement» atteint en 2022 leur promesse de financement climatique annuel de 100 milliards de dollars pour les pays plus pauvres, selon l'OCDE, mais avec deux années de retard. Cela a durablement abîmé la confiance au sein des négociations climatiques internationales.
A deux semaines de la COP28 de Dubaï, l'Organisation de coopération et de développement économiques, chargée de la compatibilité officielle de cette promesse, a publié jeudi son rapport annuel.
L'OCDE calcule que les pays riches ont atteint 89.6 milliards de dollars d'aide climatique pour 2021, l'année la plus récente pour laquelle les données sont complètes, la comptabilité étant complexe. Mais elle ajoute, par la voix de son secrétaire général Matthias Cormann, que «sur la base de données préliminaires et non encore vérifiées, l'objectif a probablement été atteint» en 2022.
Les pays riches, principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, s'étaient engagés en 2009, sous l'égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique (CNUCC), à porter au chiffre rond de 100 milliards de dollars par an leur aide climatique d'ici 2020.
Ces fonds doivent par exemple permettre aux pays pauvres de construire des ouvrages de protection des côtes, à aider les agriculteurs à mieux résister à des inondations ou des sécheresses, ou à prévenir les conséquences d'autres phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus dévastateurs dans un monde déjà 1,2°C plus chaud qu'à l'ère pré-industrielle.
Mais le retard pris pour honorer la promesse est devenu un motif de tension majeur, voire de blocage, dans les négociations climatiques internationales, qui culmineront cette année lors de la COP28 du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï. Sans compter que l'aide financière des pays riches, élément clé des négociations pour espérer des avancées sur le renoncement aux énergies fossiles, est insuffisante face aux défis, et de très loin.
«Pour combler ce déficit, ces pays devront recourir à toute une série de sources de financement publiques, privées, nationales et internationales», souligne-t-il. «Bien que le financement public ne puisse contribuer qu'en partie à ces besoins considérables, une participation accrue des bailleurs internationaux est essentielle».
Dans l'ensemble des flux étudiés, l'OCDE identifie deux points «toujours aussi faibles»: l'adaptation au changement climatique - «bien qu'il s'agisse d'une préoccupation majeure et d'un domaine prioritaire pour de nombreux pays en développement» - et un «manque d'efficacité» de l'aide des pays riches «pour mobiliser les capitaux privés» vers le reste du monde.
Pour le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ce déficit est le signe que la lutte contre le changement climatique «patine». (tib/ats)