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Pourquoi il est trop tôt pour négocier avec la Russie

Un soldat ukrainien se prépare à manger, sur la ligne de front dans la région de Kherson, le 6 novembre 2022.
Un soldat ukrainien se prépare à manger, sur la ligne de front dans la région de Kherson, le 6 novembre 2022.Image: sda
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Pourquoi il est trop tôt pour négocier avec la Russie

Avec un cessez-le-feu, Moscou souhaite geler temporairement la guerre en Ukraine afin de renforcer son armée en difficulté et de reprendre l'offensive dans quelques mois. Toutefois, les demandes de l'Occident pour des pourparlers de paix sont prématurées. Commentaire.
10.11.2022, 18:55
Kurt Pelda / ch media
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Toutes les guerres ont une fin. La plupart du temps, l'arrêt des combats succède à des pourparlers de paix. Rien n'indique qu'il en sera autrement en Ukraine.

Les leçons de l'histoire

Depuis que le corps expéditionnaire de Moscou est en difficulté, le Kremlin aimerait bien geler les fronts. Les forces occidentales qui reprennent et diffusent la propagande russe sans la moindre critique exigent donc un cessez-le-feu, une «solution diplomatique» et des discussions immédiates.

Parler de cessez-le-feu est toujours une bonne chose. Toutefois, l'expérience a montré aux Ukrainiens que Moscou respecte rarement les engagements pris une bonne fois pour toutes.

Lors du mémorandum de Budapest de 1994 par exemple, la Russie s'est engagée à respecter les frontières de l'Ukraine et à renoncer à la violence. En contrepartie, Kiev avait remis à la Russie ses armes nucléaires datant de l'époque soviétique. Aujourd'hui, de tels accords sonnent comme une pure dérision.

La Russie n'a pas respecté les frontières ukrainiennes, elle a occupé la Crimée ukrainienne et une partie du Donbass en 2014. Les accords de Minsk de 2014 et 2015 n'ont pas non plus mis fin à la guerre déclenchée par Moscou. A l'époque, le Kremlin s'est contenté d'affirmer qu'il n'était pas partie prenante aux accords de Minsk et qu'il n'avait de toute façon pas déployé de troupes dans le Donbass. De purs mensonges.

Dans ce contexte, il sera difficile de convaincre Kiev des bonnes et sérieuses intentions du Kremlin dans les futures discussions. D'autant que la Russie vient de donner une nouvelle tournure à la guerre avec l'utilisation massive de drones de combat iraniens. Il y a également eu la mobilisation partielle russe et l'annexion de quatre provinces ukrainiennes que les Russes ne contrôlent même pas entièrement.

Un scénario nucléaire trop alarmiste

La crainte d'une nouvelle escalade, d'une utilisation d'armes nucléaires, s'est en revanche révélée être du pur alarmisme. En effet, fin octobre, le président Poutine a déclaré qu'il n'y avait aucun sens politique ou militaire à utiliser des armes nucléaires en Ukraine. Il a ainsi clairement nié l'intention de recourir à la bombe atomique qu'on lui prêtait.

Celui qui s'approprie des territoires étrangers ne peut toutefois pas imposer des lignes d'armistice pour cacher derrière elles les territoires annexés. D'autant plus que le corps expéditionnaire russe en Ukraine est dans un état de désolation et doit s'estimer heureux s'il parvient à stabiliser un tant soit peu les fronts.

Une tentative de gagner du temps?

La faiblesse de la position russe est illustrée par la réaction à l'attaque ukrainienne dans le port de Sébastopol: Moscou a condamné l'attaque contre des navires de guerre de sa flotte de la mer Noire comme un acte terroriste et s'est par la suite retiré de l'accord sur les céréales avec l'ONU et la Turquie.

Les Turcs ont alors simplement organisé un convoi de navires transportant des céréales ukrainiennes du port d'Odessa vers Istanbul. La flotte russe de la mer Noire n'a pas été en mesure d'empêcher cela et peu de temps après, Moscou a promis de respecter à nouveau l'accord.

Des négociations sur un cessez-le-feu donneraient à Moscou le temps dont elle a besoin de toute urgence pour réorganiser son corps expéditionnaire en Ukraine et augmenter ses effectifs. Grâce à des forces nouvellement mobilisées et à des missiles iraniens à moyenne portée, la Russie espère pouvoir lancer une contre-offensive de grande envergure dans quelques mois et reprendre ainsi l'initiative.

Kiev en est conscient et souhaite justement éviter cela. Avant que l'hiver ne rende les combats plus difficiles, les Ukrainiens veulent donc reconquérir le plus de territoire possible, dont la capitale provinciale du sud, Kherson. Les pourparlers de paix n'auront de sens que lorsque Moscou aura compris que la guerre est perdue pour la Russie.

(aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté par Noëline Flippe

Russie: les soldats mobilisés font grève pour réclamer leur salaire
Video: watson
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