Lundi, en passant le pouvoir à Elisabeth Borne, le premier ministre Jean Castex a ôté gratuitement quelques vertèbres à 52,6 millions de Français. Et en quatre petites phrases:
En France, 80,3% des citoyens ruinent en moyenne cinq heures quotidiennes à scroller sur les réseaux sociaux. Comment diable le tout frais retraité du gouvernement a-t-il pu juger malin de badigeonner de mépris la plupart des citoyens? Parce qu'en 2022, il est toujours permis de trôner au sommet d'un pays en balayant d'une main doucement condescendante le vertige de l'opinion publique et de confondre sa propre (mauvaise) expérience avec une étude socio-scientifico-psycho-politique.
Castex, c'est celui qui avait moyennement adoré le buzz en or massif qui s'est glissé (involontairement) autour de son doigt d'honneur sur TF1 en novembre 2020. C'est celui qui aurait vendu toute sa famille pour ne pas trébucher sur sa propre langue, en affirmant fièrement avoir «parcouri la France», il y a cinq mois.
J'ai parcouri et j'ai bien rigolu!#castex #COVID19 #jaiparcouri pic.twitter.com/LR2i9h7FQN
— David Leclercq (@ilozoizau) December 27, 2021
C'est aussi celui qui cherchait ses lunettes ailleurs que sur son nez en pleine conférence de presse.
Ce qu'aura fait de mieux #Castex , c'est quand même son sketch "Où sont mes lunettes ?"
— Duval Philippe (@p_duval) May 13, 2022
Je pense que c'est ce qui restera dans l'histoire de son passage à Matignon.#JeanCastex pic.twitter.com/5n6LTfKFff
C'est certain, Jean Castex n'aime pas qu'on pouffe devant ses bourdes. Qu'on piaffe en attendant sa prochaine gaffe. Il n'aime pas non plus qu'on épingle, par exemple, son petit vol en jet privé pour aller voter à Prades au premier tour de la présidentielle. Et puis, c'est vraiment pô cool de la part des Français de commenter ses nobles décisions de ministre. Surtout que «les réseaux sociaux c’est le régime de Vichy: personne ne sait qui c’est!». Et qu'«aujourd'hui, à cause des réseaux sociaux, les gens se disent spontanément que les politiques mentent».
A sa décharge, le pauvre Jean Castex avait été accueilli de manière plutôt fleurie, en 2020, quand ces satanés internautes ont découvert son «accent rocailleux genre 3e mi-temps» à la Maïté.
Dans la tête de Jeudy, Maïté est la femme de Castex 🙄 pic.twitter.com/TUumVBoito
— Mélanie S-Manukyan 🏳️🌈🇪🇸🇦🇲🏳️🌈🐢✊🏽🔻 (@ddmelarsmi) July 4, 2020
Le 14 mars dernier, surprise, Castex a abandonné son mépris au bord de la bande passante pour débouler sur le stream de luxe de Samuel Etienne. Une interview sur Twitch qui a fait bâiller jusqu'au journaliste chouchou des Français. «Castex n'a pas compris l'exigence d'horizontalité de l'exercice. Les jeunes sont informés, c'est juste qu'ils doutent de beaucoup de choses et notamment de la parole politique. Donc il faut convaincre, en utilisant des mots clairs.»
Bah oui: ce qu'on ne comprend pas effraie. Jean Castex, en voulant avertir sa successeure de l'affreux danger que représente l'internaute moyen, a simplement dévoilé sa méconnaissance de l'anatomie virtuelle de la société. Un peu à la manière du vieux tonton aviné autour du gigot dominical. Les réseaux sociaux, et ça ne changera jamais, c'est un bar PMU à haut débit. Un apéro ou un BBQ à la fibre optique. Un voyage en train avec Bernard et Kevin. Du babillage inutile, mais indispensable. Ce sont des inconnus qui jugent. Souvent très fort. Parfois très faux. Mais toujours librement.
Décidément, «la colonne vertébrale de la France» a toujours bon dos quand il faut lui faire porter le fardeau des «réseaux sociaux».
Et ce n’est pas parce qu’on a la 4G dans le téléphone qu’on a 2g dans le sang. N'est-ce pas Dr. Wargon?
▶ #COVID19.
— LCI (@LCI) October 22, 2020
🗣 Voici comment le Dr @wargonm explique l'explosion des théories complotistes et des #antivaccins ⤵.
📺 #Le20HdeDariusRochebin avec @DariusRochebin sur LCI. pic.twitter.com/PoA8d2xeq2