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Le «plan de paix» de Trump était mort-né

Opérations de recherche et de sauvetage sur le site de l'attaque russe contre un bâtiment résidentiel à Kiev, Ukraine, le 25 avril 2025.
Opérations de recherche et de sauvetage sur le site de l'attaque russe contre un bâtiment résidentiel à Kiev, Ukraine, le 25 avril 2025.Image: ANADOLU
Le plan de paix proposé par le président américain pour l'Ukraine échoue face aux exigences de Kiev. L'initiative, jugée inacceptable, aurait conduit à une capitulation ukrainienne.
25.04.2025, 16:5425.04.2025, 16:54
Kurt Pelda, Odessa / ch media
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En 1938, les Allemands des Sudètes de l'ancienne Tchécoslovaquie ont réclamé le droit à l'autodétermination à la demande d'Hitler. Le Troisième Reich a ainsi déclenché la «crise des Sudètes» - dans le but de rayer la Tchécoslovaquie de la carte. S’en est suivi la conférence de Munich, lors de laquelle les premiers ministres du Royaume-Uni et de France ont tenté d'apaiser Hitler en lui accordant des concessions territoriales aux dépens des Tchèques.

La politique d'apaisement n'a finalement pas fonctionné, mais a contribué de manière décisive à encourager Hitler et Staline à attaquer la Pologne et à déclencher la Seconde Guerre mondiale. Les deux dictateurs ont interprété à juste titre l'attitude britannique et française comme un signe de faiblesse.

La Russie n'a pas gagné

Comparé aux événements de 1938, l'échec de la politique d'apaisement américaine dans la guerre en Ukraine n'est pas si tragique. Le fait que Poutine ait tout de suite attaqué les Ukrainiens en lançant des frappes massives de missiles et de drones sur Kiev et d'autres villes n'y change rien. Trump a rejeté sur Zelensky la responsabilité de son propre échec.

Ce que l'on sait du plan de Trump aurait été proche d'une capitulation ukrainienne. Mais ni le président américain ni son incompétent négociateur en chef Witkoff n'avaient saisi un point important: celui qui veut capituler n'a pas besoin de médiateur. Kiev aurait très bien pu se soumettre aux exigences maximales de Poutine, connues depuis longtemps, sans aucune intervention américaine.

Mais la Russie n'a pas gagné cette guerre, et l'Ukraine ne l'a pas perdue. Frapper des villes de plusieurs millions d'habitants avec des missiles et des drones certes coûteux, mais qui restent conventionnels, relève de l'impossible. L'opinion publique occidentale ne l'a pas encore compris. Mais même dans les grandes villes les plus touchées par les attaques russes comme Kharkiv ou Odessa, on ne voit que peu de destructions, même après plus de trois ans de guerre. Dans le Donbass, où des villes se trouvent dans la zone de l'artillerie et des bombes aériennes russes, la situation est tout autre.

Trop d'abstraction

Kiev serait prêt à reconnaître l'occupation russe de la péninsule de Crimée, et de territoires dans le Donbass et dans le sud de l’Ukraine dans les faits, mais non par la loi. Trump veut en revanche offrir à Poutine la péninsule stratégique de la mer Noire, de sorte qu'elle appartienne également à la Russie en vertu du droit international. C'est inacceptable pour Kiev, et ce non pas parce qu'elle se fait des illusions sur la possibilité de récupérer la Crimée.

Kiev ne veut pas renoncer à ces territoires en sachant que Poutine ne vivra pas éternellement et que la Russie est confrontée à des problèmes difficiles d'économie et de ravitaillement militaire. En 1988, personne n'aurait cru que les trois républiques baltes, alors soviétiques, seraient à nouveau libres un jour. Trois ans plus tard, le monde avait changé.

Le pari ukrainien

Avec un «plan de paix» qui fait abstraction de presque tous les besoins ukrainiens – pas d'adhésion à l'Otan et pas de garanties de sécurité efficaces, par exemple – il est préférable pour l'Ukraine de continuer à se battre. La «paix» de Trump ne serait que de courte durée, tout comme les accords de Munich de 1938 n'ont pas pu satisfaire l'appétit d'Hitler.

Il semble peu probable que Poutine parvienne à soumettre le reste du pays – même Marco Rubio, le ministre des Affaires étrangères de Trump, l'admet. Pour de nombreux Ukrainiens, il est donc clair qu'il ne leur reste rien d'autre à faire que de continuer à se défendre.

Dans tous les cas, il n'y aura plus de soutien militaire ou économique des Etats-Unis. Trump a même refusé de vendre à Kiev des missiles antiaériens contre une bonne somme d'argent. Ce qui n’annonce rien de bon pour les grandes villes ukrainiennes: le nombre d'attaques de missiles et de drones et donc de victimes civiles vont augmenter.

Or l'Ukraine produit elle-même environ 40% de ses besoins militaires – et la tendance est à la hausse. Et l'Europe va accélérer ce développement par ses investissements. Pour le vieux continent aussi, il est préférable que le plan de Trump ne soit pas mis en œuvre. Tant que Poutine restera occupé en Ukraine, il ne pourra pas attaquer les pays baltes ou d'autres Etats. On évite donc une guerre encore plus grande en Europe pour le moment.

Traduit de l'allemand par Anne Castella

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