Aucune déclaration officielle n'a encore eu lieu, mais le plan que les Etats-Unis ont préparé pour mettre fin à la guerre en Ukraine commence à prendre forme. Ces derniers jours, plusieurs médias anglo-saxons ont diffusé des informations, souvent concordantes, tirées de sources proches du dossier.
Selon le quotidien britannique The Telegraph, le plan de l'administration Trump serait composé de plusieurs points, qu'on retrouve également dans les révélations du Washington Post et du site d'information Axios. Les éléments évoqués sont les suivants:
Certains de ces points ont déjà été indirectement confirmés par le vice-président américain. En visite en Inde, JD Vance a affirmé que la Russie et l'Ukraine vont devoir procéder à des «échanges territoriaux» pour parvenir à un accord. Il a évoqué la possibilité de «geler les lignes territoriales à un niveau proche de ce qu'elles sont aujourd'hui».
Une telle solution «avantagerait énormément la Russie», commente le centre de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW). A l'heure actuelle, Moscou contrôle environ 20% du territoire ukrainien, ce qui correspond à plus de 100 000 kilomètres carrés.
Les forces russes occupent actuellement 99% de la région de Lougansk et environ 70% de celles de Donetsk, Kherson et Zaporijia. Céder ces pans de territoire à Moscou reviendrait à reconnaître les exigences du Kremlin, qui revendique le contrôle de ces quatre régions.
L'ISW ajoute que l'Ukraine et l'Occident auront également plus de mal à empêcher et à contraster de nouvelles opérations militaires russes dans la région.
Sans parler du fait que certaines réalités du terrain ne figurent pas dans le plan américain, du moins pas dans la version que les révélations des médias permettent d'esquisser. L'ISW souligne que les forces russes contrôlent une petite partie de la région de Mykolaïv et qu'elles progressent dans celle de Soumy, mais rien n'est dit à ce sujet.
Il n'est également pas clair si Kiev pourra avoir accès à une large zone littorale du Dniepr ou seulement à son embouchure, comme l'indique le Telegraph. L'étendue du territoire considéré comme ukrainien autour de la centrale de Zaporijia, qui se trouve sur la rive orientale du fleuve, et donc en zone occupée, n'a pas non plus été spécifiée.
Ce plan montre toutefois une chose, indique encore l'ISW. La proposition américaine «suggère que l'administration Trump cherche simultanément à obtenir un cessez-le-feu complet en Ukraine, à conclure un accord de paix pour mettre fin à la guerre et à développer les relations économiques américano-russes».
Cela contraste avec les déclarations américaines de ces derniers mois. La Maison-Blanche avait indiqué à plusieurs reprises qu'un cessez-le-feu était une condition préalable à une résolution durable du conflit et à la reprise des relations économiques avec Moscou. Marco Rubio, secrétaire d'Etat américain, avait également affirmé que les sanctions contre la Russie allaient rester en vigueur jusqu'à la conclusion d'un accord de paix. Il semblerait que Washington veuille désormais accomplir tous ces objectifs en même temps.
Ce qui est sûr, c'est que la proposition américaine n'a pas suscité l'enthousiasme de Kiev et Moscou, qui ont d'ores et déjà réagi aux révélations des médias. Le Kremlin a qualifié d'inacceptable la présence d'une force occidentale de maintien de la paix sur le territoire ukrainien. De son côté, Volodymyr Zelensky a vigoureusement rejeté la cession de la Crimée à Moscou. «Il n'y a rien à discuter. C'est contre notre Constitution. C'est notre territoire. Le territoire du peuple ukrainien», a-t-il déclaré.
La réaction de Zelensky a, une fois de plus, déclenché l'ire de Donald Trump, qui a critiqué son homologue ukrainien par le biais de sa plateforme Truth Social.