L'Ukraine est en proie à une guerre cruelle depuis plus de deux ans. Les conditions actuelles dans la bande de Gaza peuvent être qualifiées, sans aucune exagération, d'enfer sur terre. Le changement climatique menace des millions de personnes. La démocratie en tant que forme d'Etat est de plus en plus sous pression. La liste pourrait s'allonger à l'infini avec les conflits et les problèmes auxquels l'humanité est actuellement confrontée.
Mais si l'on en croit le pape François, aucun des points cités n'est le plus grand danger actuel pour l'humanité. Le chef de l'Eglise catholique, 87 ans, à fait savoir, début mars, en effet:
L'Argentin, en poste depuis 2013, considéré à l'époque comme progressiste et nourrissant les espoirs de réforme dans la construction conservatrice de l'Eglise catholique, a depuis longtemps renoncé à son image d'antan.
Plus encore, par ses déclarations récentes, Jorge Mario Bergoglio, de son vrai nom, évolue, du moins en partie, dans des sphères idéologiques similaires à celles de son prédécesseur Benoît XVI, aujourd'hui décédé, qui était considéré comme un conservateur pur et dur.
La manière dont les jeunes prêtres sont formés à Rome montre également que ce conservatisme ne disparaîtra probablement jamais du Vatican. La lutte contre «l'idéologie du genre» et la «culture du woke» y est depuis longtemps au programme, comme le révèle la visite d'un journaliste du Spiegel à l'université pontificale grégorienne de Rome. C'est à la Grégorienne que le Vatican forme sa relève depuis près de 500 ans - et les cours appelant à la lutte contre le wokisme feront partie des matières enseignées en 2024.
Dans une vidéo montrée aux étudiants, on voit clairement de quoi il s'agit. Les toilettes non-genrées, la maternité de substitution, les couples parentaux homosexuels, les défilés de la Pride. Et ainsi de suite. Les concepts woke sèmeraient la confusion dans le monde, y lit-on. Ces idéologies rejetteraient «l'ordre donné par Dieu».
Le conférencier Michael Matheson Miller, philosophe et politologue américain d'obédience clairement chrétienne et conservatrice, explique aux futurs prêtres les dangers de la stratégie du wokisme qui domine aujourd'hui les universités et une partie de la société.
Les jeunes d'aujourd'hui développeraient des «identités sexuellement perturbées», car cela correspondrait justement à l'esprit du temps. Le wokisme est une «philosophie du désespoir» qui conduirait à la disparition du christianisme.
Matheson Miller cite de nombreux développements et points de vue qui, selon lui, sont fatals pour le monde. Ils seraient opposés à l'histoire de la création: par exemple les critiques de la croissance, qui considèrent l'homme comme un problème pour notre planète et ne veulent plus se reproduire. Ou la commercialisation complète des particularités humaines.
Selon le professeur, il n'y a qu'une seule réponse à ces développements pécheurs: la parole de Dieu, la Bible. Il explique:
Les écrits d'anciens papes, comme ceux de Jean-Paul II et de Benoît XVI, déjà mentionnés, qui étaient tous deux considérés comme archi-conservateurs, même dans le contexte catholique, sont également examinés et discutés à Rome.
Ce qui est remarquable ou, selon le point de vue, inquiétant, c'est la congruence de contenu entre les efforts catholiques romains anti-woke et les courants politiques populistes de droite dans le monde entier. Le Vatican n'est plus le seul à s'être engagé dans la lutte anti-woke, de nombreux politiciens de droite s'y sont également consacrés. On ne peut nier que Donald Trump, Viktor Orbán, Matteo Salvini – ou encore Vladimir Poutine – possèdent une intersection idéologique avec les enseignements anti-woke du Vatican.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)