En ce moment, Emmanuel Macron est décidément plus doué à l'international que face à ses concitoyens. Mercredi, c'est avec un verbe ferme et étonnamment neuf que le président de la République a donné une petite tape sournoise dans le dos du maître du Kremlin. A l'occasion du forum Globsec en Slovaquie (dédié à la sécurité en Europe de l'Est et du Nord), le torse du locataire de l'Elysée s'est bombé: Vladimir Poutine a «réveillé l'Otan», avec le pire des «électrochocs».
👉Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine👈
En d'autres termes, la décision d'agresser l'Ukraine a sorti l'organisation de sa «mort cérébrale», selon le diagnostic, un brin rebelle, avouons-le, posé par Macron lui-même en 2019. Des remerciements détournés et (bien sûr) empoisonnés, qui lui permettent avant tout d'affirmer de manière stratégique la résistance de l'Europe face à «ce qui était une opération spéciale» et qui «s’est soldée par un échec géopolitique».
En d'autres termes toujours: Vladimir Poutine a perdu. Même si «la guerre n'est pas finie». On est loin de l'ambiguïté qui consistait à ne «pas humilier la Russie», cette version guerrière de son fameux en même temps. Une maladresse qui date évidemment des très médiatiques coups de fil en one to one d'avec Vladimir Poutine, au temps où la ligne ne grésillait pas.
Mercredi, le président français a condamné non plus des objectifs russes «illégaux et inacceptables», mais «irréalistes». Une bravade à prendre précisément comme une volonté d'humiliation publique du président russe.
Histoire de déposer un dernier soufflet sur la joue déjà rosée de l'autocrate, Macron s'est permis de considérer que «l'Ukraine, aujourd’hui, protège l’Europe». Astucieuse tournure pour appeler l'Union européenne à «repenser» sa gouvernance et à «inventer de nouveaux formats», afin d'ouvrir grands les bras aux pays de l'Est et donc... à Volodymyr Zelensky.
Enfin, tout en remerciant chaleureusement le grand cousin américain du service rendu à l'Ukraine depuis le début du conflit, Macron a rêvé d'une «Europe de la défense», comme un «pilier au sein de l’Otan». Car il va bien falloir (un jour) apprendre à se démerder «avec nos voisinages».
Un discours malin, inédit et plutôt courageux, qui écrase toute volonté (ou soupçon) de compromis et d'espoir d'en finir le plus vite possible. Mais aussi un apéro très utile avant la 2e édition de la CPE (Communauté politique européenne), ce jeudi en Moldavie. Né de la volonté du président français en 2022 pour pouvoir papoter de tout, de rien et de l'Ukraine, ce club informel à 47 chefs d'Etat se cherche toujours un objectif plus solide que celui de narguer Poutine avec une large photo de famille.
Alors que les Etats-Unis sont à dix-sept mois de choisir un nouveau maître du monde et à l'orée d'une contre-offensive de l'armée de Zelensky très (très) attendue, ce discours ne résout pas tout. Mais le timing est parfait pour affirmer «qu'il n'y a pas de place en Europe pour un fantasme impérial».