International
ukraine

Ukraine: Kiev a un plan secret pour contre-attaquer

A Ukrainian soldier is seen in a trench at the frontline near Bakhmut in the Donetsk region, Ukraine, Monday, May 22, 2023. (AP Photo/Libkos)
Un soldat ukrainien sur la ligne de front, à Bakhmout.Keystone

Kiev a un plan secret pour contre-attaquer

Le monde attend depuis des mois la contre-offensive annoncée par l'armée ukrainienne. Et pourtant, alors que juin arrive, les armées de Zelensky ne sont encore pas lancées à la reconquête de l'est du pays. Où en est-on?
31.05.2023, 18:4901.06.2023, 09:12
Joana Rettig
Plus de «International»

Les rumeurs au sujet de la grande contre-offensive ukrainienne ne désenflent pas. L'objectif: reprendre aux Russes tout l'est de leur territoire, envahi par les troupes de Poutine depuis février 2022.

👉 Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine 👈

Alors, le plan est-il déjà en marche? C'est ce qu'a assuré Mykhaïlo Podoliak, un proche du président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans une interview accordée à la chaîne de télévision italienne TG1. Dans une allocution vidéo, Zelensky a également évoqué que la date avait été fixée.

Les spéculations vont donc bon train. Voici un résumé des informations dont nous disposons déjà au sujet de la contre-offensive:

Les annonces de l'Ukraine se précisent

L'administration ukrainienne mentionne allègrement la contre-offensive prévue dans les interviews et les publications sur les réseaux sociaux. On en entend parler tous les jours dans le pays. Une nouvelle que les Ukrainiens attendent avec impatience depuis la prise russe de Bakhmout, cette ville de la région de Donetsk, où les combats ont été particulièrement sanglants.

Les messages du gouvernement ukrainien sont désormais plus concrets. Lundi, les habitants de Kiev ont à nouveau été la cible de longues et violentes séries de tirs. Volodymyr Zelensky s'est adressé au monde entier: «Plusieurs attaques terroristes russes en une seule journée. Shaheds, missiles de croisière, missiles balistiques, bombes guidées. Grâce à la défense aérienne, au moins des centaines de vies ont été sauvées.»

Valeri Zaloujny est le commandant en chef des forces armées ukrainiennes. Sur Telegram, il a confirmé que 29 des 31 drones kamikazes Shahed envoyés par la Russie ont été abattus, tout comme 37 des 40 missiles de croisière, ainsi qu'un drone de reconnaissance. Zelensky en a conclu que:

«La Russie veut suivre la voie du mal jusqu'au bout. C'est-à-dire jusqu'à sa défaite, car le mal ne peut pas avoir d'autre fin que la défaite.»
Volodymyr Zelensky

Le président a ajouté:

«Comme d'habitude, le commandant et les chefs d'unité ont fait leur rapport à l'état-major. L'approvisionnement en munitions, la formation de nouvelles brigades, notre tactique. Mais aussi le timing. C'est le plus important. Le timing, comment nous allons avancer. Et nous le ferons. Les décisions ont été prises.»
Volodymyr Zelensky

Valeri Zaloujny a publié une vidéo sur son canal Telegram annonçant la contre-offensive. Le message ressemble à la bande-annonce d'un blockbuster. Avec une musique héroïco-dramatique, des caméras professionnelles et des officiers qui encouragent leurs hommes.

Le clip en question 👇

Vidéo: twitter

Le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov s'est également montré optimiste quant au fait que l'offensive prévue rapprocherait l'Ukraine de la victoire sur la Russie. «Sur le territoire ukrainien, il y aura de nouvelles vagues de fuite de soldats russes», a-t-il assuré à des médias allemands.

Un secret bien gardé

Malgré cette publicité, les détails de la contre-offensive prévue sont tenus secrets. Aucune information ne doit parvenir à l'ennemi. Il semble que le plan de la contre-attaque soit le secret le mieux gardé de cette guerre. Car apparemment, même les Etats-Unis n'en savent pas plus que le reste de la population mondiale.

En temps normal, le Pentagone est parfaitement informé. Qu'il s'agisse d'informations des services secrets ou de messages directement partagés entre les autorités ukrainiennes et américaines. Mais cette fois, c'est apparemment différent, à en croire le magazine américain Politico.

La raison de ce silence pourrait être la fuite de données qui s'est produite au sein des services secrets américains. C'est du moins ce qu'ont révélé deux «fonctionnaires européens», dont Politico n'a pas publié le nom. Leurs collègues ukrainiens auraient évoqué la prétendue fuite des documents secrets de l'officier de l'armée de l'air Jack Teixeira du Massachusetts comme l'une des raisons pour lesquelles Kiev se retient de transmettre des informations sur la contre-offensive.

Le jeune soldat américain a publié des informations détaillées sur la guerre en Ukraine, y compris les positions des troupes de Kiev, les données sur les stocks d'armes ukrainiens et le nombre estimé de victimes.

Les autorités américaines ont toutefois démenti qu'il puisse y avoir une rupture de la relation de confiance. John Kirby, le porte-parole du Conseil national de sécurité des Etats-Unis, a déclaré dans une interview que le silence avant le lancement de la contre-offensive n'était pas une surprise:

«Les Ukrainiens ne sont pas obligés de nous prévenir ou de nous informer à l'avance»
John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis

Spéculations sur les objectifs de la contre-offensive

Depuis des mois, les experts se demandent sur quelles positions russes les forces armées ukrainiennes vont se concentrer. Les idées et les spéculations sont nombreuses, mais les réponses sont rares. Le Spiegel s'est entretenu avec un lieutenant-colonel qui se trouverait dans les environs de Zaporijia. Une attaque contre la ville de Melitopol, déjà prise en février 2022, pourrait servir les intérêts ukrainiens. La ville est située à une centaine de kilomètres au sud de Zaporijia.

Zaporijia pourrait également figurer sur la liste de l'Ukraine. Du moins la centrale nucléaire qui s'y trouve, aux mains de la Russie depuis mars 2022, et qui fait craindre au monde entier une catastrophe nucléaire. D'autres régions pourraient également revenir dans le collimateur des militaires ukrainiens. Par exemple, la région de Louhansk, qui a été prise à l'été 2022 - en priorité les villes de Sievierodonetsk et Lyssytchansk.

La rumeur d'une reconquête de Bakhmout circule aussi. Mais Kiev reste particulièrement discrète sur ce point. Elle n'a toujours pas reconnu publiquement la chute de la ville, même s'il n'y a plus un seul soldat ukrainien. Les lignes de défense se sont déplacées vers l'ouest.

Poutine soupçonne la Crimée d'être une cible

Selon un rapport secret de l'Otan, consulté par le portail d'information américain Business Insider, le président russe Vladimir Poutine mise sur une stratégie purement défensive. On le voit notamment au fait qu'il n'y a «pas de changement significatif dans l'évolution du front» de la guerre en Ukraine. A l'exception de la prise de la ville de Bakhmout, d'ailleurs particulièrement longue, il ne s'est pratiquement rien passé sur le front.

Au lieu de cela, les troupes de Poutine se concentrent actuellement sur leurs lignes de défense, «en particulier dans le sud de l'Ukraine et le long du pont terrestre vers la péninsule de Crimée». Apparemment, il y a aussi des raisons de s'inquiéter en Crimée. Selon un rapport des services secrets britanniques, les actes de sabotage se multiplient et la Russie serait menacée d'une perte de contrôle.

La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev
1 / 25
La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev
Faces of war pour le New York Times.
source: alexander chekmenev
partager sur Facebookpartager sur X
3 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
3
Evacuation du plus grand squat de France à Paris, avant les JO
Mercredi matin, à 100 jours des Jeux olympiques, le plus grand squat de France, abritant jusqu'à 450 migrants, a été évacué dans la banlieue sud de Paris.

A 100 jours des Jeux olympiques, le plus grand squat de France – qui a abrité jusqu'à 450 migrants, en situation régulière pour la plupart selon les associations – a été évacué, mercredi matin, dans la banlieue sud de Paris.

L’article