International
Commentaire

Ce que Macron avait oublié de dire

Image
Commentaire

Ce que Macron avait oublié de dire

Mercredi, à 13 heures, le président a parlé. Non pas à Volodymyr Zelensky ou Joe Biden, mais à Denis et Chantal. Aux Français qui encaissent les crises du quotidien et qui se sentent délaissés par Macron l'international. C'est déjà pas mal, mais peut-être trop tard.
22.03.2023, 17:0822.03.2023, 19:24
Suivez-moi
Plus de «International»

La vache, ça fait du bien. Même le plus endurant de ses ennemis a dû ressentir ce petit pincement de soulagement. Parce que ça commençait à devenir ridicule de taper dans le vide sans la moindre piñata à l'horizon. Emmanuel Macron a enfin trouvé cinq minutes pour cueillir les doléances. Et y répondre, même si c'est à moitié.

Bon, au début, on le sentait impatient, presque agacé d'avoir à annuler deux rendez-vous pour s'entretenir avec les Français. Ses sourcils étaient en chasse-neige, son regard fuyant. Comme un papa dont le fiston lui répète tous les soirs qu'il bosse trop. Comme ce directeur qui ne descend jamais humer l'ambiance dans l'open-space, préférant luncher avec les actionnaires.

Mercredi, dans un 13 heures orchestré en stéréo par France 2 et TF1, le président de la République a posé ses boutons de manchette sur une table aussi brûlante qu'une plaque de cuisson. Dans les casseroles, des Français en rage, des travailleurs épuisés, une opposition politique qui beugle et des rues étouffées par les affrontements. Et ça sent méchamment le cramé dans la cuisine républicaine. Des semaines, voire des mois que les citoyens attendaient une réaction, une main sur l'épaule, une oreille sur les maux, quelques explications, un créneau pour tout déballer.

Bien avant la réforme des retraites. Il y a un an déjà, quand il préférait incarner le chef de guerre plutôt que d'arpenter les plateaux télé pour épousseter son costume de candidat à sa réélection, les Français lui demandaient cinq minutes de son temps.

Dans une interview logiquement consensuelle (quand elle est donnée à l'heure du poulet au vin jaune), Emmanuel Macron a utilisé les 35 minutes à disposition pour rappeler qui est le patron. A sa manière. Celle qui lui a permis d'être élu deux fois. Celle qui ne finira jamais d'irriter les allergiques. On le sait, l'auto-entrepreneur politique n'a jamais été très à l'aise avec le dialogue social, encore moins avec le blabla dans le ronron de la fonction.

Lui, il lui faut une crise, un cul-de-sac, voire un guet-apens pour briller à l'oral. L'Ukraine et la pandémie, dans la forme, ont été (quelque part) des exemples de management. Si bien que, même pressé, fragilisé et isolé, le président n'a rien concédé. Lâcher du leste, tout chambouler, s'excuser, poubelliser la réforme ou s'émouvoir longuement des heurts, c'eût été perdre sa dernière carte pour espérer calmer les esprits, sans lâcher la rampe du pouvoir.

Mercredi, même si sa légitimité, surtout à l'Assemblée, est écornée, Macron jouait son autorité. Mercredi, même si l'époque et le contexte ont changé, Macron a fait du Macron. En disant comprendre «la colère légitime, dans un cadre républicain», mais en s'empressant de punir l'usage de «la violence quand on n'est pas content». En avouant n'avoir pas su se faire comprendre, en martelant qu'il aurait aimé ne pas avoir à se pointer avec cette bombe récurrente qu'est toute réforme des retraites.

«Même à un moment d'incandescence politique, il n'y a pas eu de majorité alternative»
Emmanuel Macron, à propos des deux motions de censure

Après le Covid, la guerre contre l'Ukraine et l'inflation, Macron aurait-il dû laisser souffler les Français une petite année avant de leur en infliger deux de plus au turbin? C'est une évidence. Devait-il se départir bien plus tôt de cette manie qu'il a de ne jamais trouver le bon mot au bon moment, préférant attendre le pied du mur pour ouvrir la gueule et incarner le président des Français? Assurément.

Mais mercredi, montrer le moindre signe de faiblesse aurait offert à ceux qui demandent déjà sa tête, l'opportunité de guillotiner son quinquennat. Et puis, en situation de crise politique structurelle profonde (dont Macron n'est finalement qu'un simple symptôme), perdre en fermeté et en crédibilité, qui plus est au 13 heures, n'aurait jamais permis d'éteindre le feu.

Bien au contraire.

Des mèmes pour parler de la réforme des retraites en France
1 / 15
Des mèmes pour parler de la réforme des retraites en France
source: instagram
partager sur Facebookpartager sur X
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Le père de Lina sort du silence: «Au fond de moi je me doute bien...»
Sept mois après la disparition de sa fille, le père de Lina prend la parole dans un quotidien alsacien. Il y raconte leur complicité, mais aussi la relation parfois compliquée avec sa fille, qu'il n'avait pas vue depuis 2022. L'adolescente s'est volatilisée le 23 septembre 2023.

On n'avait encore jamais entendu le père de Lina. Olivier Delsarte était resté dans l'ombre depuis la disparition le 23 septembre 2023 de la jeune fille. Sept mois jour pour jour après, le chauffeur routier de 49 ans a accordé un entretien au journal Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA).

L’article