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«Macron t'es foutu»: la France dans une impasse existentielle

«Macron t'es foutu»: la France dans une impasse existentielle
Emeutes à proximité de la Place de la Concorde. Paris, 16 mars 2022.Image: AP
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«Macron t'es foutu»: la France dans une impasse

Confrontée ce lundi à des motions de censure portant sur la réforme des retraites, la majorité macronienne vit un calvaire, symptôme d'une offre politique fermée.
20.03.2023, 06:2020.03.2023, 09:09
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Le macronisme est né d’un constat: plus grand-chose ne distinguant droite et gauche de gouvernement, un homme, Emmanuel Macron, a proposé de les réunir dans une seule entité. Ce fut La République en marche, LREM, devenu Renaissance. Un pari électoralement gagnant, puisque, à elle seule, cette formation a obtenu la majorité absolue aux élections législatives de 2017. Sa majorité est aujourd’hui relative et toujours plus fragile face aux «Macron t'es foutu» entonnées ces dernières semaines et qui redoublent de puissance depuis l'annonce du recours à l'article 49.3 de la constitution.

D'un point de vue comptable, le bloc macronien à l'Assemblée nationale est l'otage du parti de droite Les Républicains, faux frère sur la réforme des retraites. Il est surtout pris en étau entre deux extrêmes, une gauche de type anticapitaliste emmenée par Jean-Luc Mélenchon et une droite nationaliste tenue par Marine Le Pen. Le monopole créé par Emmanuel Macron lui laisse paradoxalement peu de marges de manœuvre.

Pompe aspirante

Le macronisme, pour se former, a aspiré la quasi-totalité des forces dites gouvernementales, celles considérées comme légitimes pour conduire la France – les formations extrémistes ou populistes n’étant pas jugées capables de le faire de manière suffisamment apaisée.

Emmanuel Macron n’est que le symptôme d’une évolution ayant abouti en France à la réunion de la «droite» et de la «gauche», des mots ayant longtemps résonné familièrement aux oreilles des Français. Comme s’il n’y avait désormais qu’une seule politique possible et qu’un seul modèle économique valable: libéral-social, social-libéral.

Mais où est passée la rassurante alternance?

Cet «en-même-temps» sur les questions économiques, qui n’est pas qu’une particularité française, a détruit en France le mythe de l’alternance droite-gauche. Ces trente dernières années, il est apparu que les politiques de gauche réellement de gauche furent extrêmement coûteuses et porteuses d'illusions. Passés les six premiers mois de bien-être financé par des emprunts massifs, le retour de bâton se faisait durement sentir. Les socialistes, arrivés pour la première fois au pouvoir en 1981 sous la Ve République, l’ont vite compris à leurs dépens.

La gauche de gouvernement en France s’est droitisée au fil des décennies. Dans un système d’économie de marché, ouvert à la concurrence mondiale, cette transformation était inévitable et fut terrible pour des millions de Français gagnés par la paupérisation ou le sentiment de déclassement.

Pas comme en Suisse

A ceux qui diraient que le système helvétique de concordance permet la cohabitation heureuse de la droite et de la gauche, rappelons que la majorité politique est invariablement de droite en Suisse depuis 1848. Et que le pays doit sa prospérité à sa stabilité institutionnelle comme à son offre industrielle hautement qualifiée, soutenue par le crédit bancaire, ébranlé depuis quelques jours.

La France se trouve dans une situation pour le moins délicate. Et l’on ne peut même plus dire qu’une formation de gouvernement aussi démocratiquement convenable que Renaissance est la garantie d’une France vivant en paix. La crise des Gilets jaunes en 2018 et 2019, la crise des retraites à présent, montrent que le macronisme, en portant en lui l’absence d’alternance, c’est-à-dire d’un espoir de jours meilleurs pour la masse des citoyens modestes, crée les conditions du conflit sur fond de panique démocratique.

La nouvelle alternance

On a vu ces dernières années sur quels critères la notion d’alternance se refaisait une santé, en France comme ailleurs: essentiellement sur les oppositions peuple-élites et souverainisme-mondialisme. La rhétorique droite-gauche a pour ainsi dire disparu du paysage lexical, elle n’est plus opératoire en termes de représentations rationnelles du monde. Dans le champ social, il y a les riches et il y a les autres. C’est à peu près tout.

Marine es-tu là?

Cela ne veut pas dire qu’il ne reste pas une France raisonnable, un brin bourgeoise, qui n’aime pas le désordre et qui a plutôt voté Macron. Mais si Macron n’est plus synonyme que de désordre, alors, l’alternance a un nom: Marine Le Pen, fût-elle «nulle» en économie. A moins que Les Républicains, pour le moment sans boussole, divisés sur les motions de censure visant le président Macron et sa majorité, ne parviennent à reconstituer un pôle désirable. La France est dans une impasse existentielle.

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