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Ces Ukrainiens barbotent tandis que les Russes fondent sur eux

Sur les rives d'un lac, du répit et de la fraîcheur pour des Ukrainiens épuisés par la guerre.
Sur les rives d'un lac, des Ukrainiens épuisés par la guerre trouvent du répit et de la fraîcheur.Image: GENYA SAVILOV / AFP, montage watson

Les Russes fondent sur eux, mais ces Ukrainiens barbotent à la plage

En Ukraine, à seulement une poignée de kilomètres de la ligne de front, se situe un lac autour duquel se réunissent les habitants qui n'ont pas fui les combats pour se détendre, profiter du soleil et contempler leurs souvenirs d'une époque plus douce.
16.08.2025, 16:0016.08.2025, 16:01
Barbara WOJAZER, ukraine / AFP
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Raïssa Oustimenko lève à peine les yeux vers le ciel lorsqu'un avion de chasse passe dans un vacarme assourdissant au-dessus des rives du lac de Sloviansk, à 20 km du front dans l'est de l'Ukraine.

Cette femme de 67 ans fouille dans un sac en plastique rose contenant les prunes qu'elle a emportées pour son pique-nique au bord de cette étendue d'eau, tandis que le Su-27 ukrainien traverse le ciel.

La quiétude à quelques kilomètres de la guerre

A côté d'elle, certains baigneurs haussent les épaules, quand d'autres se protègent les yeux du soleil pour observer l'avion fendre l'air à toute vitesse. Les jours d'été, de nombreux habitants de la région viennent se rafraîchir au bord du lac et y trouver un peu de répit, la guerre faisant rage à quelques kilomètres.

Lac de Sloviansk.

La plupart des baigneurs sont des personnes âgées, restées à Sloviansk car elles ne voulaient pas quitter leur maison, alors que la moitié de ses 110 000 habitants ont fui les combats.

Les troupes russes continuent d'avancer vers cette ville industrielle, désormais à portée des bombes planantes dévastatrices larguées par des avions et des attaques de drones qui ont réduit en ruines ses bâtiments.

Face à l'incertitude, Raïssa Oustimenko confie avoir besoin de se raccrocher à des choses positives. Elle explique:

«Cela peut être la plage, une bonne tasse de café, ou juste une fleur. Vous regardez une fleur et vous vous sentez heureux»
«Vous oubliez ce qui passe dans le ciel au-dessus de votre tête, c'est le plus important. Sinon on ne pourrait pas survivre ici.»
Raisa, 67 ans, sort de l'eau après avoir nagé.
Raïssa Oustimenko, 67 ans, sort de l'eau après avoir nagé.Image: GENYA SAVILOV / AFP

«Profiter des petits moments de joie»

De telles scènes sont courantes dans les zones touchées par des conflits, relève Omar Salih Rasheed, le coordinateur du programme de soutien en matière de santé mentale du Comité International de la Croix-Rouge:

«Les gens cherchent toujours des moyens de s'adapter, de supporter ce qu'il se passe. Mais cela ne veut pas dire que tout va bien»

Les besoins concernant la santé mentale vont fortement augmenter après l'arrêt des affrontements, quand les gens vont prendre conscience de ce qui leur est arrivé, note-t-il. Tant que la guerre n'est pas terminée, il est important que les «communautés puissent profiter autant qu'elles le peuvent des petits moments de joie».

Sur les rives du lac de Sloviansk, Viatcheslav Chatalov, qui tient un bar à la décoration marine, raconte que les gens peuvent tous partir quand des explosions se font entendre, pour revenir un peu plus tard dans la journée, afin de «se détendre».

Vyacheslav, 61 ans, employé d'un bar à thème nautique, sur les rives d'un lac dans la ville de Sloviansk, dans la région de Donetsk.
Vyacheslav, 61 ans, employé d'un bar à thème nautique, sur les rives d'un lac dans la ville de Sloviansk, dans la région de Donetsk.Image: GENYA SAVILOV / AFP

Dans son établissement orné d'une roue de bateau géante, les enceintes crachent un morceau de Coldplay. Ce barman de 61 ans à la peau tannée par des décennies de travail sous le soleil déclare, en distribuant des matelas de plage:

«Ceux qui ont vraiment peur sont déjà partis, mais les plus endurcis continuent de venir»

Des souvenirs, mais plus personne

Sur le sable s'alignent des cabanes en bois blanches, ainsi qu'un abri en béton en cas de bombardements. Mais Mariana Rebets, 37 ans, n'a jamais vu personne se ruer dedans.

«Si les sirènes retentissent et que nous voyons de la fumée, nous verrons ce que font les gens et nous les suivrons.»

Portant une robe rose et d'imposantes lunettes de soleil, Rebets fait régulièrement le voyage à partir de l'ouest de l'Ukraine, relativement plus sûr, pour rendre visite à son mari posté non loin du front.

Des gens se détendent au bord d'un lac.
Des gens se détendent au bord du lac, à quelque 20 kilomètres des horreurs du front.Image: GENYA SAVILOV / AFP

Il lui a d'ailleurs conseillé de plonger sans hésitation si elle entendait «quelque chose voler au-dessus du lac». Les plus jeunes habitants de Sloviansk, qui ne compte plus désormais que 53 000 âmes, sont partis trouver refuge dans des régions plus sûres.

Comme la famille de Raïssa Oustimenko. De la rive sauvage du lac où elle vient désormais seule, elle contemple l'étendue d'eau dans laquelle ses petits-enfants ont appris à nager. Elle raconte, le cœur lourd et en voulant tout de même se souvenir des jours heureux passés au lac, avant la guerre:

«Ils ne sont plus là désormais. Plus personne n'est là»
La guerre en Ukraine en images
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Un bâtiment en flammes après un bombardement russe, Kiev.
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Video: watson
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