Kim Jong-un était de bonne humeur la semaine passée. Et pour cause: le leader suprême a déclaré que les ennemis de la Corée du Nord devaient ressentir «une nervosité et une terreur extrêmes».
Vendredi, il a supervisé le lancement d'un missile intercontinental qui, avec une portée de plusieurs milliers de kilomètres, pourrait atteindre les Etats-Unis. Et ce n'est pas tout: il s'agirait de l'arme la plus puissante de l'arsenal nucléaire de la Corée du Nord.
Des analystes de la Corée du Sud, ennemie de la Corée du Nord depuis des décennies, ont confirmé que la nouvelle était effectivement «intimidante». Cela s'explique non seulement par la portée apparente du missile, mais aussi par son mode de propulsion.
Le combustible solide est plus facile à déplacer et à dissimuler que son équivalent liquide. Les préparatifs de lancement d'un tel missile seraient donc plus faciles à réaliser à l'abri des regards. Ceci rendrait plus difficile la prise de dispositions à court terme par d'autres Etats.
Pour la Corée du Nord, il s'agit du premier test de missile balistique intercontinental depuis environ un mois. Au milieu des tensions mondiales, Kim Jong-un a fait effectuer l'année dernière un nombre d'essais de missiles sans précédent.
Et ce nombre pourrait encore augmenter prochainement. Samedi, le pays a fêté le 111e anniversaire du grand-père de Kim Jong-un, le fondateur de l'Etat Kim Il-sung. Son petit-fils a annoncé vouloir développer l'arsenal de manière «plus pratique et plus offensive».
Sur le plan international, les réactions à ce test de missile sont plus tranchées que lors des nombreux cas précédents. Dylan White, porte-parole de l'OTAN, a déclaré peu après avoir pris connaissance du tir:
Au Japon, les habitants de Hokkaido, l'île nord du pays, ont été invités à se mettre à l'abri. En effet, par le passé, des missiles testés en Corée du Nord ont régulièrement atterri dans les eaux japonaises.
La crainte de voir la population japonaise touchée s'accroît manifestement, d'autant plus que le Japon vient de décider d'un net réarmement. Cependant, celui-ci est encore en cours. Même en Corée du Sud, où l'on est habitué depuis des années aux feux d'artifice nord-coréens, la prudence augmente.
En Corée du Nord, on se sent menacé par la présence militaire américaine en Corée du Sud. Cette situation sert également à Pyongyang pour justifier son propre programme d'armement qui est encore renforcé en période de difficultés économiques. Et pourtant, Kim Jong-un a récemment confessé publiquement et à plusieurs reprises que les objectifs de développement n'avaient pas été atteints.
Non seulement les sanctions de l'ONU, renforcées depuis 2017, ont affaibli l'économie de la Corée du Nord, mais la pandémie a également eu un impact. Il est probable qu'il y ait actuellement d'énormes pénuries alimentaires.
Parallèlement, la Corée du Nord fait partie des gagnants, du moins sur le plan diplomatique, de l'attaque de la Russie contre l'Ukraine. En effet, l'isolement diplomatique de la Russie a permis à Moscou de se rapprocher d'autres Etats également sanctionnés par l'Occident.
La Corée du Nord en fait partie. L'indignation de l'Otan, du Japon et de la Corée du Sud face au dernier essai de missile n'a donc pas dû impressionner Pyongyang. Cette réaction l'a plutôt encouragé à poursuivre sur sa lancée.
Traduit et adapté par Nicolas Varin