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Fin du chaos: le président sud-coréen Yoon Suk Yeol enfin arrêté

Yoon Suk Yeol dans une allocution.
«J'ai décidé de répondre au Bureau d'enquête sur la corruption», a annoncé Yoon dans un message vidéo.Image: AP

Le président sud-coréen sorti de sa forteresse et enfin arrêté

Au terme d'une nouvelle improbable journée de chaos, Yoon Suk Yeol a été sorti de sa demeure où il était retranché depuis des semaines. C'est le premier chef d'Etat en exercice à être arrêté en Corée du Sud.
15.01.2025, 06:0715.01.2025, 06:23
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Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été arrêté mercredi lors d'un assaut des enquêteurs, une mesure sans précédent à l'image de la crise politique provoquée par sa tentative ratée d'imposer la loi martiale début décembre.

Après une première descente qui avait tourné au fiasco début janvier, des agents du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et de la police se sont présentés en nombre, avant l'aube, à la résidence transformée en forteresse où l'ancien procureur est retranché depuis des semaines dans un quartier huppé de Séoul.

Après avoir dû franchir le mur d'enceinte par des échelles sous les yeux de milliers de partisans du dirigeant de droite, l'équipe de procureurs a annoncé l'avoir appréhendé à 10H33 (02H33 en Suisse), avant de l'emmener dans ses locaux. Jamais un chef d'Etat en exercice n'avait été arrêté en Corée du Sud.

«J'ai décidé de répondre au Bureau d'enquête sur la corruption», a annoncé Yoon dans un message vidéo, ajoutant qu'il ne reconnaissait pas la légalité de l'enquête mais qu'il s'y soumettait «pour éviter toute effusion de sang malheureuse».

Suspendu par les députés et visé par une enquête pour «rébellion», un crime passible de la peine de mort, Yoon Suk Yeol avait jusque-là toujours refusé de s'expliquer, poussant les procureurs à recourir à des mandats d'arrêt afin de l'y forcer.

Yoon
Yoon Suk Yeol a enfin été aperçu hors de sa demeure.Image: AP Korea Pool

Son interrogatoire a débuté à 11H00 locales (03H00 en Suisse). Il peut être maintenu en garde à vue pendant 48 heures en vertu du mandat en cours. Les enquêteurs devront en demander un nouveau pour éventuellement prolonger sa détention.

Protéger le pays des «forces communistes»

Sous le coup d'une procédure de destitution, Yoon est dans la tourmente pour avoir instauré brièvement la loi martiale le 3 décembre, une mesure choc ayant rappelé les heures sombres de la dictature militaire. Il l'avait alors justifiée par sa volonté de protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes» et d'«éliminer les éléments hostiles à l'Etat».

Au sein d'un Parlement cerné par des soldats, les députés avaient déjoué ses plans en votant un texte exigeant la levée de cet état d'exception. Mis sous pression par les élus, des milliers de manifestants prodémocratie et contraint par la Constitution, Yoon Suk Yeol avait dû obtempérer.

Partisans de Yoon
Les partisans de Yoon étaient venus en nombre.Image: AP

Le 3 janvier, le Service de sécurité présidentiel (PSS), chargé de protéger les chefs de l'Etat, avait bloqué la tentative initiale du CIO d'exécuter le premier mandat d'arrêt contre Yoon.

Pour leur deuxième descente, motivée par un nouvel ordre d'arrestation, les autorités avaient prévenu qu'elles appréhenderaient quiconque ferait obstruction.

De brèves altercations ont d'abord éclaté devant le portail de la résidence, où campaient des milliers de partisans résolus à défendre Yoon, certains scandant «Mandat illégal !», a constaté l'AFP.

Des équipes du CIO et de la police ont ensuite dû franchir le mur d'enceinte à l'aide d'échelles avant de passer outre des barrages de véhicules. Au cours de sa progression, la police a arrêté le chef par intérim du PSS, a rapporté l'agence de presse Yonhap.

«Un mandat injuste et illégal»

L'arrestation de Yoon Suk Yeol est «le premier pas vers le retour de l'ordre», a salué Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate (principale force de l'opposition) au Parlement.

«L'histoire se souviendra inévitablement que le CIO et la police ont exécuté un mandat injuste et illégal», a pour sa part fustigé Kweon Seong-dong, son homologue du Parti du pouvoir au peuple (PPP) dont est issu Yoon.

Le chaos «terminé», le président du Parlement Woo Won-shik a appelé à concentrer les «efforts sur la stabilisation des affaires de l'Etat et sur le rétablissement des moyens de subsistance de la population», l'économie ayant été secouée par cette crise qui risque de se prolonger.

La Cour a jusqu'à la mi-juin pour se prononcer sur la motion de destitution votée le 14 décembre par les députés. Suspendu, Yoon reste officiellement président en attendant le verdict de la juridiction qui pourra le démettre définitivement et convoquer des élections, ou le rétablir dans ses fonctions.

Mardi, la Cour constitutionnelle a formellement lancé son procès avec une première très courte audience. Yoon ne s'est pas présenté, invoquant des «inquiétudes» concernant la sécurité. (jzs/ats)

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