L'Ukraine a affirmé samedi avoir capturé deux soldats présentés comme nord-coréens. Elle les a interrogés en détention, une première depuis que Kiev et ses alliés occidentaux accusent Pyongyang d'avoir envoyé des troupes combattre en Russie.
Fin décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déclaré que des soldats nord-coréens grièvement blessés étaient morts après avoir été faits prisonniers dans la région russe de Koursk. Cette fois, deux soldats capturés dans la même région ont pu être acheminés à Kiev et soumis à un interrogatoire, selon lui. L'AFP n'est pas en mesure de confirmer leur nationalité.
«Ce sont deux soldats qui, bien que blessés, ont survécu et ont été acheminés à Kiev où ils parlent avec des enquêteurs du SBU», les services de sécurité ukrainiens, a déclaré Zelensky sur Telegram.
Selon Kiev, 12 000 soldats nord-coréens se trouvent dans la région russe de Koursk, dont l'armée ukrainienne occupe plusieurs centaines de kilomètres carrés depuis août. Ni la Russie ni la Corée du Nord n'ont confirmé la présence de ce contingent.
Samedi, Zelensky a accompagné son annonce de photos en détention des deux militaires présumés. L'un d'eux a des pansements visibles autour des mains, l'autre autour de la mâchoire. Selon le dirigeant, les prisonniers reçoivent «toute l'aide médicale nécessaire». Il a affirmé avoir ordonné au SBU de fournir à la presse un accès aux détenus: «Le monde doit savoir ce qui se passe», a-t-il indiqué.
Dans un communiqué, le SBU a précisé que les prisonniers ne parlent ni anglais ni russe et les échanges sont menés en coréen avec des interprètes en coopération avec les services de renseignement sud-coréens (NIS).
Selon lui, l'un des soldats a affirmé être né en 2005, servir dans l'armée depuis 2021 et a dit qu'il pensait aller s'entraîner en Russie, pas combattre.
Ce soldat a été présenté comme porteur, au moment de sa capture, de papiers militaires russes avec le nom d'une autre personne vivant dans la république de Touva. Cette région de Sibérie est peuplée en majorité de Touvains, un peuple turcique également présent en Mongolie voisine.
Interrogé samedi sur ce point, le service de presse de la présidence ukrainienne a assuré que Moscou distribuait de faux documents à des combattants nord-coréens pour dissimuler leur identité.
«Les Russes essaient de cacher le fait que ces soldats sont de Corée du Nord et leur donnent des papiers disant qu'ils viennent de Touva ou d'autres nations sous le contrôle de Moscou», a-t-il affirmé.
D'après le SBU, l'autre soldat n'avait aucun document sur lui. Il serait un sniper né en 1999, dans l'armée depuis 2016 et a répondu à certaines questions par écrit car il a la mâchoire blessée.
Fin décembre, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, avait assuré que «plus de mille» soldats déployés par Pyongyang en Russie avaient été tués ou blessés au cours d'assauts dans la région de Koursk.
L'implication présumée d'une armée étrangère a constitué une escalade majeure dans l'invasion déclenchée il y a près de trois ans par Vladimir Poutine et qui aborde une phase critique avec le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche.
Trump, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier, a affirmé jeudi qu'il était en train de préparer une rencontre avec Vladimir Poutine pour «en finir» avec ce conflit.
Les deux camps essayent dès lors, coûte que coûte, d'améliorer ou de maintenir leurs positions avant de possibles négociations. L'armée russe a affirmé samedi avoir gagné du terrain au nord-ouest de la ville ukrainienne de Kourakhové, un bastion important que Moscou a dit avoir conquis en début de semaine dans la région de Donetsk (est).
Le ministère russe de la Défense a annoncé que ses unités avaient «libéré» la localité de Chevtchenko, située à environ 10 kilomètres au nord-ouest du centre de Kourakhové. La perte de cette cité, qui comptait environ 18 000 habitants avant la guerre, n'a pas été confirmée officiellement par l'Ukraine.
Les troupes russes, plus nombreuses et mieux équipées, ont avancé de manière lente mais constante sur le front tout au long de l'année 2024, sans toutefois réaliser de percée d'envergure. (tib/ats)