Trois ans après l'émergence du virus, le débat fait encore rage entre les experts qui cherchent toujours à élucider le mystère de son apparition. Fuite d'un laboratoire? Transmission par un animal? Toutes les hypothèses ont été avancées.
Le sujet est hautement sensible et politique: la Chine a régulièrement été accusée de dissimuler des informations ou de ne pas coopérer pleinement avec les enquêtes internationales. Or, comprendre comment cette pandémie a commencé est crucial pour aider à empêcher de futurs événements similaires, et potentiellement sauver des millions de vies.
Deux nouvelles études publiées mardi aboutissent à la même conclusion: la pandémie de Covid-19 aurait bel et bien trouvé ses racines sur le marché de la ville de Wuhan, en Chine.
La première étude est une analyse géographique montrant que les premiers cas détectés en décembre 2019 se concentraient autour du marché. Les analyses montrent également que les échantillons positifs au Sars-Cov-2 étaient concentrés dans le sud-ouest du marché, précisément là où des animaux vivants étaient vendus (dont des chiens viverrins, une espèce de blaireau, des renards…). En revanche, l’animal exact qui aurait servi d’intermédiaire entre les chauves-souris (porteuses de coronavirus) et l’humain n’a pas été identifié.
La seconde est une analyse génomique du virus des premiers cas, montrant qu’il est très peu probable que le virus ait largement circulé chez les humains avant novembre 2019. A l’avenir, les scientifiques soulignent qu’il est important de comprendre d’où venaient les animaux vendus sur le marché de Wuhan, afin de minimiser les risques futurs.
«Il y a ce sentiment général qu’il n’y a aucune information qui puisse nous dire quoi que ce soit sur l’origine de la pandémie de Covid-19», a commenté Kristian Andersen, co-auteur de ces études lors d’une conférence de presse. «C’est simplement faux.» Les chercheurs ont souligné que les informations disponibles sur les débuts de cette pandémie étaient en réalité très détaillées.
Aucune possibilité n'a jamais été écartée, a confirmé son collègue Michael Worobey, virologue à l’Université d’Arizona. L'intéressé avait lui-même signé une lettre en 2021, appelant à considérer sérieusement l’hypothèse d’une fuite d’un laboratoire de Wuhan.
Cependant, les données analysées depuis «m’ont fait évoluer, jusqu’au point qu’aujourd’hui, je pense aussi qu’il n’est simplement pas plausible que le virus ait été introduit d’une autre manière qu’à travers le commerce d’animaux au marché de Wuhan», a-t-il ajouté.
«Les pandémies n’exigent pas que l’on désigne un responsable, mais elles réclament qu’on les comprenne», a conclu Kristian Andersen. (mbr)