La décision de la Chine de lancer des manœuvres militaires autour de Taïwan après la visite de la cheffe des députés américains n'est «pas responsable», a jugé le principal conseiller diplomatique de Joe Biden, Jake Sullivan.
De ce fait, il a appelé la Chine à agir «de façon responsable et à éviter toute sorte d'escalade qui pourrait conduire à une erreur ou un mauvais calcul dans les airs ou dans les eaux.»
L'armée chinoise va effectivement mener dès ce matin ses plus importants exercices militaires depuis des décennies autour de Taïwan – une réponse pour le moins musclée à la visite de Nancy Pelosi sur l'île. Ils auront lieu dans toute une série de zones encerclant Taïwan – parfois à seulement 20 kilomètres de ses côtes – et dureront jusqu'à dimanche midi.
Selon la télévision publique chinoise CCTV, les exercices ont officiellement débuté: «Les exercices commencent», a indiqué CCTV dans un message posté le réseau social Weibo.
De son côté, l'armée taïwanaise dit «se préparer à la guerre sans chercher la guerre». La veille, les autorités de l'île avaient signalé que 27 nouveaux avions militaires chinois (contre 21 la veille) avaient pénétré dans la zone d'identification de défense aérienne («Adiz») de l'île – une zone bien plus large que son espace aérien.
Assurant venir «en paix» dans la région, la Chine a martelé que les Etats-Unis n'abandonneraient pas Taïwan, dirigé par un régime démocratique et qui vit sous la menace constante d'une invasion par l'armée chinoise.
Du côté européen, Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'UE, a pour sa part condamné jeudi ces manœuvres militaires «agressives» de part de la Chine. Il estime qu'il n'y avait «aucune justification» à utiliser «comme prétexte» la visite à Taïwan de la cheffe des députés américains.
«Il est normal pour les députés de nos pays de voyager à l'international», a-t-il écrit sur Twitter depuis Phnom Penh, en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Asean, à laquelle prend part le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi. Son homologue américain Anthony Blinken a également fait le déplacement dans la capitale cambodgienne.
L'Association des nations d'Asie du Sud-Est a prévenu pour sa part que la situation autour du détroit de Taïwan peut mener à des «conflits ouverts», dans un communiqué commun.
«Le monde est dans un besoin urgent de sagesse et du sens de la responsabilité de tous les chefs d'Etat pour défendre le multilatéralisme (...) et la coexistence pacifique», ont-ils conclu. (ats/jch)