Des milliers de personnes ont participé samedi à Zagreb à une marche contre l'avortement. Ce rassemblement intervient deux jours après une mobilisation à travers la Croatie pour soutenir une femme qui a mené une rude bataille pour obtenir l'autorisation d'avorter.
«Les enfants non-nés - la minorité la plus menacée en Croatie» ou «Les vies non-nées comptent aussi» pouvait-on lire sur des pancartes portées par des manifestants lors de cette «Marche pour la vie» annuelle, régulièrement organisée ces dernières années dans ce pays membre de l'Union européenne.
Beaucoup de parents accompagnés de leurs enfants portant des ballons ont rejoint la marche. «Nous soutenons la vie, les valeurs morales, les valeurs données par Dieu», a déclaré à l'AFP une économiste, Maja Ivic, descendue dans la rue avec ses deux enfants. Sinisa Kubatovic, manifestant de 52 ans, a renchéri:
En Croatie, des groupes conservateurs, soutenus par l'Eglise catholique, pressent le gouvernement de limiter le droit à l'avortement, autorisé jusqu'à la dixième semaine de grossesse. Après cette période, un avortement peut être pratiqué si la santé de la femme ou du foetus est en danger grave, ou en cas de viol ou d'inceste.
Près de 90% des quelques 3,9 millions de Croates sont catholiques, et l'Eglise reste très influente au sein de la société. Le droit à l'avortement est de plus en plus à l'épreuve car beaucoup de médecins refusent de le pratiquer en invoquant l'objection de conscience.
Le cas de Mirela Cavajda, 39 ans, a ébranlé le pays ces derniers jours. Cette mère d'un enfant était au sixième mois de grossesse quand les médecins ont diagnostiqué en avril une tumeur au cerveau de son foetus.
Sa demande d'avortement a été refusée par quatre hôpitaux de Zagreb, mais après la pression publique, une commission médicale a finalement donné mercredi son feu vert pour l'intervention. Boris Ujevic, gynécologue d'un hôpital de Zagreb, a lancé à la foule:
La Cour constitutionnelle de Croatie a rejeté en 2017 un recours de plusieurs groupes conservateurs réclamant l'interdiction de l'avortement. Elle a alors aussi jugé que la législation de 1978 était obsolète et a demandé sa révision. Mais des groupes des droits humains craignent que ces changements ne conduisent en fait à plus de restrictions. (sas/ats)