Un ex-président menotté, embarqué par les autorités, voire jeté en prison pour avoir versé de l'«argent silencieux» à une star du X? Ce serait inédit, mais le principal concerné lui-même se prépare à cette éventualité.
Depuis deux jours, Donald Trump clame sur ses réseaux sociaux qu'il s'apprête à être arrêté ce mardi, appelant par la même occasion ses partisans à «manifester» et «sauver l'Amérique».
Son cri de ralliement a été entendu par les plus fidèles. Depuis quelques heures, les autorités de New York sont sur les dents. Les mesures de sécurité ont été renforcées devant le palais de justice du centre-ville de Manhattan, où un attroupement a eu lieu lundi soir. Il semblerait toutefois, selon la NBC News sur place, qu'il y ait eu plus de journalistes ici que de partisans de Trump.
D'autres attroupements ont été constatés dans plusieurs Etats, dont le New Hampshire et la Floride, à Palm Beach, non loin de son domicile de Mar-a-Lago, rapporte West Palm Beach TV.
Mais au fait, quelle affaire judiciaire voudrait finalement à Donald Trump d'être inculpé par le bureau du procureur du district de Manhattan? Petit rappel des faits.
Imaginez: vous faites l'amour avec Donald Trump, au terme d'une soirée bien arrosée sur un terrain de golf du lac Tahoe. Et quinze ans plus tard, vos ébats se trouvent encore au coeur du débat. C'est ainsi qu'on pourrait résumer les prémices d'un interminable feuilleton judiciaire entre l'ancien président et la reine du porno américaine, Stormy Daniels.
Souvenez-vous: en 2018, le Wall Street Journal révélait que l'avocat de Donald Trump, un certain Michael Cohen, avait déboursé la somme de 130 000 dollars pour acheter le silence de l'actrice.
Au-delà de la liaison elle-même, c'est surtout la somme déboursée qui a soulevé des discussions. Doit-elle être considérée comme une dépense de campagne, au même titre qu'une banderole rouge ou que les petits fours servis pendant les meetings?
De mensonges en révélations, l'affaire s'emballe et prend une tournure judiciaire. Accusé d'avoir violé la loi sur le financement des campagnes présidentielles, Trump encourt jusqu'à 4 ans de prison.
Un temps abandonnée, l'enquête a été relancée en novembre dernier par le procureur général de New York, Alvin Bragg. Le juge de 49 ans, décrit comme un «audacieux», espère être celui qui trouvera la faille capable de coincer, enfin, le turbulent et inarrêtable ex-président des Etats-Unis.
Ces dernières semaines, plusieurs témoins privilégiés du «paiement silencieux» ont défilé devant le procureur Bragg et le grand jury. Parmi eux: David Pecker, ancien rédacteur en chef du National Enquirer, tabloïd qui aurait aidé Michael Cohen à négocier le paiement, ainsi que d'anciens membres du personnel de la Trump Organization et de l'équipe de campagne de 2016.
Pour sa part, Trump continue de nier en bloc sa liaison d'un soir avec une star du porno - bien qu'il ait admis le paiement. «Ces accords sont très courants chez les célébrités et les personnes fortunées», a-t-il affirmé sur Twitter.
Selon le New York Times, même si Donald Trump finit effectivement par être inculpé ce mardi, il est très peu probable qu'il soit menotté et jeté en cellule - compte tenu de son «statut». L'ancien président, qui se trouve en Floride, devra se déplacer à New York pour faire face aux accusations.
Dans l'hypothèse improbable où l'occupant de Mar-a-Lago décide d'ignorer l'acte d'accusation et de rester chez lui, les choses pourraient sérieusement s'emballer. Il risquerait d'être extradé de Floride, renvoyant l'affaire sous la juridiction du gouverneur Ron DeSantis.
Un dilemme peu enviable pour cet adversaire potentiel à la présidentielle: autoriser un mandat d'arrêt contre Trump et risquer d'enflammer sa base - ou soutenir son rival républicain, et se mettre lui-même dans une position périlleuse.