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Project 2025: 900 pages prouvant la violence du plan de Trump

Les 900 pages qui prouvent la violence du projet Trump
A quel point sa présidence sera-t-elle dangereuse? Image: keystone

Les mystérieuses 900 pages qui prouvent la violence du projet Trump

Trump est président. Passé le choc, on essaye d'imaginer de quoi sa seconde présidence sera faite. Les craintes sont-elles justifiées? Le programme «Project 2025», créé par un think tank ultra-conservateur à la botte de Trump, prévoit rien de moins qu'une «deuxième révolution américaine». Voici comment on y arriverait.
08.11.2024, 16:51
Lara Knuchel
Lara Knuchel
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En 2023, la «Heritage Foundation», un laboratoire d'idées conservateur, a publié sur plus de 900 pages ses recommandations pour une nouvelle présidence Trump. Ce n'est de loin pas le seul institut à vouloir porter ses propositions au futur président, mais c'est clairement celui qui défraie la chronique. Le document, connu sous le nom de «Project 2025», propose entre autres de licencier des milliers de fonctionnaires, d'étendre les pouvoirs du président, de dissoudre le ministère de l'Education et de réduire globalement les impôts.

Pourquoi tout le monde parle du «Project 2025»?

Bien que la Heritage Foundation ait fait part de sa «proposition» dès avril 2023 – et que le public soit donc au courant depuis longtemps des projets délirants de certains conservateurs – elle reprend évidemment de l'ampleur maintenant que Trump est officiellement le 47e Président des Etats-Unis.

Surtout, ce sont les déclarations du président de la Heritage Foundation, Kevin Roberts, qui ont retenu l'attention – bien que l'on sache déjà que ce groupe de réflexion est désormais extrêmement fidèle à Trump. Début juillet, Roberts était invité à s'exprimer dans le podcast «War Room», fondé par le tristement célèbre ancien conseiller de Trump, Steve Bannon.

FILE - Kevin Roberts, president of The Heritage Foundation, speaks at the National Religious Broadcasters convention at the Gaylord Opryland Resort and Convention Center Feb. 22, 2024, in Nashville, T ...
Kevin Roberts lors d'une conférence des National Religious Broadcasters in Nashville, Tennessee, en février 2024. Image: keystone

Dans ce podcast, Roberts a notamment déclaré que les républicains devraient se sentir encouragés par la décision de la Cour suprême sur l'immunité présidentielle. Selon lui, la décision de la Cour suprême de début juillet – qui accorde au président une large immunité contre les poursuites judiciaires – est «vitale». Ceci afin de s'assurer qu'un président n'ait pas à «réfléchir deux ou trois fois» à chaque décision qu'il prend durant son mandat.

Mais la déclaration suivante de Roberts, par laquelle il a sous-entendu qu'une «révolution» violente pourrait avoir lieu, a sans doute suscité une véritable inquiétude:

«Nous sommes dans le processus de la deuxième révolution américaine, qui restera sans effusion de sang – si la gauche le permet.»

Steve Bannon évoquait Kevin Roberts auprès du New York Times comme une option possible pour le poste de chef de cabinet de Trump, toutefois c'est sa directrice de campagne qui sera nommée.

Steve Bannon speaks outside Danbury Federal Correctional Institution, Monday, July 1, 2024, in Danbury, Conn. Bannon was taken into custody after surrendering at the federal prison to begin a four-mon ...
L'ancien conseiller de Trump, aujourd'hui conspirateur, Steve Bannon.Image: keystone

Que dit Donald Trump au sujet de «Project 2025»?

Alors que les démocrates s'efforçaient de convaincre l'opinion publique qu'un second mandat Trump aura l'allure décrite dans les plans du «Project 2025», l'ex-président lui-même disait qu'il «n'en sait rien». C'est du moins ce qu'il laissait entendre avant son élection sur son réseau social, Truth Social:

«Je n'ai aucune idée de qui se cache derrière tout ça. Je ne suis pas d'accord avec certaines des choses qu'ils disent, et certaines des choses qu'ils disent sont absolument ridicules et abyssales.»
Donald Trump sur sa plateforme Truth Social.

Il ajoutait: «Quoi qu'ils fassent, je leur souhaite bonne chance, mais je n'ai rien à voir avec eux».

Quelle crédibilité?

Il est difficile de croire Donald Trump, lorsqu'il affirme ne rien savoir du «Projet 2025». Et pour de nombreuses raisons:

  • Trump a lui-même récemment annoncé que s'il remportait les élections, il «rapatrierait» l'ancien directeur de la plus grande autorité policière et douanière américaine, Tom Homan. Ce dernier a non seulement occupé ce poste sous la présidence Trump, mais il est l'un des auteurs du «Project 2025».
  • Le directeur du «Project 2025», Paul Dans, a été chef de cabinet du bureau de la gestion du personnel sous Trump.
  • Le directeur adjoint du «Project 2025», Spencer Chretien, était un ancien assistant spécial de Trump et directeur adjoint du département des ressources humaines du président.
  • Le conseiller du «Project 2025» Russell Vought a travaillé au bureau de Trump pour la gestion et le budget.

Olivia Troye, une ancienne conseillère de l'ancien vice-président de Trump (Mike Pence), a récemment déclaré à CNN: «La tentative de Trump de prendre ses distances avec le ‹Project 2025› est due à sa prise de conscience que ce programme politique profondément controversé pourrait faire échouer sa candidature».

Interrogée sur la crédibilité du démenti de Trump, Troye a répondu:

«C'est absurde si l'on considère les collaborateurs et les auteurs de ce plan. Beaucoup de ces personnes (...) ont servi dans le cabinet de Trump pendant son mandat. Il y a des gens avec qui j'ai travaillé. J'étais assise avec eux dans ces réunions politiques.»

En effet, l'Heritage Foundation elle-même écrit que «Project 2025» a été rédigé par plusieurs anciens représentants de Trump et reflète les contributions de plus de 100 organisations conservatrices.

La Heritage Foundation
La Heritage Foundation, créée en 1973, a pris un nouveau chemin avec Donald Trump: de think tank conservateur et néolibéral de poids de l'époque Reagan, elle est devenue avant tout une fondation fidèle à Trump. Cela est dû en particulier à Kevin Roberts, qui préside l'Heritage Foundation depuis 2021. Roberts se range depuis le début derrière Donald Trump, propage son récit de conspiration des élections volées et met tout en œuvre pour établir le trumpisme comme nouvelle forme de conservatisme américain. Pour le «Project 2025», il aurait engagé plus de 400 activistes et experts conservateurs.

Que contient le «Project 2025»?

Le document «Project 2025», dont le nom complet est «Mandate for Leadership – The Conservative Promise» (Mandat pour le leadership – La promesse conservatrice), compte 900 pages. A l'intérieur, différents chapitres, par différents auteurs. Vous pouvez consulter le document original ici.

La «promesse conservatrice» esquisse plusieurs objectifs principaux. Parmi eux, recentrer la vie américaine autour de la famille, démanteler généreusement l'État administratif, défendre la souveraineté et les frontières des États-Unis ainsi que garantir les droits individuels «donnés par Dieu» de vivre en liberté.

Un aperçu des propositions les plus radicales:

L'économie et le climat

Les conseillers économiques du projet proposent qu'une deuxième administration Trump réduise les impôts sur les sociétés et les revenus. La Réserve fédérale – c'est-à-dire la banque centrale américaine – devrait être supprimée et même un retour à une monnaie indexée sur le prix de l'or serait à envisager.

En revanche, les auteurs ne sont pas d'accord sur le libre-échange: le document est divisé sur la question de savoir si le prochain président devrait essayer de promouvoir le libre-échange ou, au contraire, d'augmenter les barrières à l'exportation.

Les ambitions «officielles» 👇

Le président devrait toutefois «mettre fin à la guerre contre le pétrole et le gaz naturel», entre autres en réduisant les fonds publics destinés à la promotion des énergies renouvelables.

Le gouvernement

Selon le «Project 2025», tous les employés du gouvernement devraient désormais être directement subordonnés au président – y compris les institutions traditionnellement indépendantes dans une démocratie, comme le ministère de la Justice. Plusieurs agences fédérales devraient être drastiquement remaniées, comme le FBI, décrit comme une «organisation hypertrophiée, arrogante et de plus en plus hors-la-loi».

Et certaines institutions, dont le ministère de l'Éducation, doivent être purement et simplement supprimées.

Les propositions prévoient également la suppression de la protection de l'emploi pour des milliers de collaborateurs du gouvernement – qui pourraient alors être remplacés par des personnes nommées par les politiques.

L'avortement

Le document ne demande pas l'interdiction de l'avortement à l'échelle nationale. Il propose toutefois de retirer du marché la pilule abortive mifepristone.

L'immigration

Le mur à la frontière avec le Mexique, l'un des «projets de prestige» de Trump, doit être achevé et financé de manière plus généreuse. Les différents services américains de l'immigration doivent être consolidés et dotés de pouvoirs massivement accrus.

Parmi les autres propositions figurent l'augmentation des frais pour les immigrés et l'autorisation de demandes accélérées pour les migrants qui paient une prime.

L'éducation

Les auteurs du «Project 2025» demandent l'interdiction de la pornographie. Les entreprises de technologie et de télécommunication qui permettent l'accès à de tels contenus doivent être fermées. En outre, il s'agit de lutter contre ce que l'on appelle la «propagande du woke»: le document demande à ce que les parents puissent librement choisir l'école pour leurs enfants, et qu'ils aient plus de contrôle sur les écoles elles-mêmes.

Il est proposé de supprimer une longue liste de termes de toutes les lois et réglementations fédérales, notamment «orientation sexuelle», «diversité», «égalité et intégration», «égalité des sexes», «avortement» et «droits reproductifs».

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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