Samedi soir, Donald Trump s'est rendu dans la ville d’Erie, 95 000 habitants, située en Pennsylvanie. Un patelin stratégique, puisqu'il a fortement contribué à sa victoire en 2016, mais montre aujourd'hui plus volontiers les griffes face au républicain criblé d'affaires judiciaires. Fidèle à lui-même, l'ancien président a donc musclé son propos en se caressant, du même coup, dans le sens du poil. Pour faire court: tout le monde est un con, sauf lui. Un exemple? «Les malades internés dans des asiles d'aliénés, mais aussi les prisonniers et les terroristes envahissent les Etats-Unis.» Oui, ce week-end, Donald Trump a papoté immigration, à Erie.
Dans le public, les apôtres Maga ajustent leurs visières rouges, hurlent au héros et applaudissent lourdement. La campagne présidentielle américaine semble avoir été décapsulée pour de bon.
Au milieu de son intervention, Trump évoque une poignée de dirigeants qui «savent ce qu'ils font» (parmi eux, Xi Jinping, quand même), avant de braquer toute la lumière sur l'actuel président des Etats-Unis, avec une gentillesse désormais ordinaire: «Joe Biden est le président le plus corrompu de l’histoire américaine». Se sentant sans doute porté par une foule en délire, le milliardaire ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Selon lui, «nous avons ici quelqu'un qui n'est pas au sommet de son art, qui ne l'a jamais été et qui ne le sera jamais».
Trump on the president of the US: “Dumb son of a bitch”
— Republicans against Trump (@RpsAgainstTrump) July 30, 2023
Trump on the Chinese dictator: “Brilliant man” “Top of the line”
Trump on war criminal Putin: “Geniuse” “very savvy”
Trump on Kim Jong Un “Very honorable”
Donald Trump isn't an American patriot pic.twitter.com/OG1rnZGMCq
Donald Trump utilisera d'ailleurs le même vocabulaire au moment d'évoquer son principal concurrent dans la primaire républicaine, à savoir le gouverneur Ron DeSantis. «Je l'ai fait élire en Floride et il se présente contre moi, ce fils de pute. Je n'ai pas d'autre commentaire à faire sur lui.»
Ce n'est évidemment pas la première fois que Donald Trump traite Joe Biden d'être humain «stupide». En 2019, lors d'un dîner avec la presse, il affirmait que «Biden n'a jamais été très intelligent. C'était un mauvais élève, un cancre. Ses gaffes sont incroyables.» Sans oublier le «fils de p*te», non moins célèbre arme de description massive du résident de Mar-a-Lago. Deux ans plus tôt, il s'était par exemple offusqué des genoux qui se mettaient à terre durant les événements les plus médiatisés des Etats-Unis.
A commencer par les joueurs de la NFL et plus précisément l'ancienne star des 49ers de San Francisco, Colin Kaepernick, le meneur de la bande. Un geste qui lui coûtera sa carrière.
Enfin, rappelons tout de même que la liste des insultes offertes par Donald Trump à Joe Biden, est longue. Rappelez-vous, c'est bien lui qui a donné naissance au doux et fameux «Sleepy Joe», repris en coeur, depuis, par tout le parti républicain. Biden serait aussi un «faux président», une «marionnette ramassée sur un tas d'ordures», un «dépravé», un «brouillard mental», un «fou au QI très faible», un «abruti non-croyant de la gauche radicale», le «gourou des brûleurs de drapeaux et des marxistes» ou encore le «plus grand criminel corrompu que l'Amérique a connu».
Cette dernière vieille fronde est plus que cocasse, maintenant que Donald Trump passe son temps à combattre une justice qui n'a d'yeux que pour lui. Pour info, CNN vient de dévoiler que le candidat a déjà dépensé 40 millions de dollars, rien qu'en 2023, en frais de défense et d'avocats. Une campagne présidentielle américaine qui se jouera, plus que jamais, devant les tribunaux.