Il est entré en grâce à la Maison-Blanche, il pourrait en repartir la queue entre les jambes. Qui? «Commander», le jeune et fougueux berger allemand de Joe Biden. Cadeau de son frère James pour Noël, cet adorable chiot de trois mois a fait une entrée remarquée au sein de la «First Family» pour remplacer son prédécesseur, Major, en 2021.
Hélas, il semblerait que ce tendre scénario à la Disney ait viré au thriller politique. Ce jeudi, un nouveau rapport du Département de la sécurité intérieure, publié bien malgré lui, ne plaide guère en faveur du toutou présidentiel.
D'une longueur de 200 pages, le document fait état d'une dizaine d'incidents survenus entre octobre 2022 et janvier 2023, impliquant Commander, des agents des services secrets, des morsures et des intimidations sauvages.
L'incident le plus grave, survenu le 2 novembre dernier, s'est carrément soldé par l'hospitalisation d'un officier. Selon le dossier, l'homme aurait vainement tenté de se défendre derrière un chariot en acier, après avoir été mordu au bras et à la cuisse. Deux jours plus tard, alors qu'il est sorti de l'hôpital et placé en «service restreint» sur ordre de ses médecins, l'agent donne des nouvelles à un collègue:
Le règne de terreur instauré par Commander est toutefois loin d'être terminé. Pas moins de huit jours plus tard, le berger allemand récidive et croque la cuisse d'un autre agent, au cours d'une promenade avec la première dame, près de l'aile est.
Décidément, les Biden n'ont pas de bol. Ces trois dernières années, la vie du couple présidentiel a été ponctuée de nombreux drames animaliers. Au moment de poser leurs valises à la Maison-Blanche, Jill et Joe sont encore entourés de leurs deux bergers allemands, Champ et Major. Le pauvre Champ rendra l'âme quelques mois plus tard, en juin 2021.
C'est bientôt au tour de Major de devoir faire ses adieux à la Maison-Blanche, pour indiscipline chronique. Après avoir goûté aux plaisirs de la chair d’au moins deux employés de la Maison-Blanche, le chien finit par être placé dans le Delaware, chez des amis de la famille.
Pour la petite histoire, ce n'est pas la première fois qu'un berger allemand baptisé Major sème la zizanie dans la Maison-Blanche: en 1933, le chien homonyme du président Franklin D. Roosevelt sera également renvoyé, après avoir mordu une femme.
Le sort semble donc s'acharner sur les chiens Biden, alors que le troisième berger allemand de Joe et Jill accumule aujourd'hui les incivilités. Au point de mettre son maître dans la panade: les adversaires politiques du président américain font déjà leur beurre du mauvais comportement de Commander.
Mardi, le conservateur Tim Fitton dénonce «une forme particulière de folie et de corruption», lorsqu'un «président permet à son chien d'attaquer et de mordre à plusieurs reprises le personnel des services secrets et de la Maison-Blanche».
Il va jusqu'à accuser le Secret Service d'avoir essayé de cacher illégalement des documents sur les «abus commis par la famille Biden à l'encontre de ses agents et officiers», plutôt que de protéger ses agents.
Il est vrai que la Maison-Blanche ne s'est jamais spécialement vantée des agissements de ses chiens vedettes. Voire s'est jusque-là volontairement abstenue de les rendre publiques. Joe Biden aurait même remis en question l'honnêteté d'un membre des services secrets, lorsque celui-ci a dénoncé une mauvaise expérience avec les crocs de Major.
Désormais, plus question de cacher les bêtises de Commander sous le tapis. Ce mardi, la porte-parole de Jill Biden s'est fendue d'une déclaration par email à la presse. Elle justifie ces morsures incessantes par «l'environnement unique et souvent stressant» que peut constituer le complexe de la Maison-Blanche pour les animaux de compagnie.
Toutefois, la First Family «cherche des moyens d'améliorer la situation pour tout le monde». Sans toutefois préciser si le déménagement de Commander fait partie des moyens «envisagés».
Que Joe Biden se rassure: son mandat présidentiel n'est de loin pas le premier à être perturbé par des affaires canines. Du Terrier écossais de Roosevelt, Fala, oublié par mégarde aux îles Aléoutiennes et rapatrié aux (grands) frais du contribuable, à la polémique des Beagles de Johnson, Him et Her, soulevés sans ménagement par les oreilles.
Et si le turbulent Commander venait quand même à quitter le foyer familial, il existe tout une gamme de compagnons susceptibles de le remplacer. En matière d'animaux de compagnies, la Maison-Blanche a tout vu: du blaireau aux serpents, en passant par les cochons d'Inde.
Le tout premier président américain de l'histoire, George Washington pouvait par exemple se targuer de posséder un âne andalou, cadeau du roi d'Espagne Charles III.
Quelques années plus tard, Thomas Jefferson s'est vu offrir deux bébés grizzlis. Un peu encombrants, certes. D'ailleurs, les jugeant «trop gênants et trop dangereux», il en a fait don à un musée de Philadelphie.
Aux grizzlis succédera Polly, le perroquet de James Madison, au début des années 1800. Suivront: des bébés tigres (le président Martin Van Buren sera forcé, à contrecœur, de les offrir à un zoo), des chèvres, des poneys, un aigle, une dinde (qui a failli finir mangée à Noël, mais a été épargnée à la dernière minute par la femme du président Lincoln), des alligators, un lézard (Bill, aussi décrit comme une «grenouille cornue»), un ara bleu, des rats, un blaireau, un lapin (Peter), un coq de combat unijambiste, des vaches, un écureuil, un raton laveur (Rebecca), un hippopotame pygmée (Billy, pour les intimes), une hyène, un kangourou (resté sans nom et rapidement confié à un zoo).
Ou encore cet opossum sauvage, Billy, dernière bestiole hors du commun à se balader à la Maison-Blanche, sous le président Herbert Hoover, en 1929 - qui devait partager son enclos avec Rebecca, le raton laveur.
A compter des années 30, il n'y aura guère plus que des chiens, des chats et des canaris pour conférer un peu de poils et de bonne humeur dans les corridors feutrés de la Maison-Blanche.
Comme disait le bon président Coolidge: «Tout homme qui n'aime pas les chiens et qui ne veut pas les voir, ne mérite pas d'être à la Maison-Blanche». Donald Trump, qui fait justement partie des trois présidents sur 46 à n'avoir possédé aucun compagnon durant son mandat, ferait bien de s'en souvenir.