Mais quel procès, me demanderez-vous? Question légitime, compte tenu du nombre notable d'affaires judiciaires qui collent aux baskets de l'ancien-président des Etats-Unis. La demande de cette nuit porte sur les poursuites dans l'affaire des documents classifiés, retrouvés dans le manoir de Mar-a-Lago l'été dernier.
Pour Donald Trump, il s'agit avant tout de gagner du temps. Le procès a initialement été programmé pour décembre 2023 - un délai extraordinairement court, étant donné que son inculpation a eu lieu en juin dernier, pour 37 chefs d'accusation. Il avait alors plaidé non coupable.
Selon les procureurs, ce très court laps de temps se justifie notamment par un intérêt public prépondérant, Trump étant candidat pour 2024. Un argument balayé lundi par ses avocats:
Appelant à «une considération mesurée et un calendrier qui permettent un examen minutieux et complet des procédures», les avocats ont demandé un délai d'un an supplémentaire minimum sur la date proposée par les procureurs.
Hors-de-question que leur client se trouve empêtré dans un procès alors que la saison des élections présidentielles bat son plein. «Le président Trump est candidat à la présidence des Etats-Unis et est actuellement le candidat probable du Parti républicain», ne manque pas de rappeler le document.
«Il ne fait tout simplement aucun doute que tout procès de cette action pendant l'attente d'une élection présidentielle aura un impact à la fois sur le résultat de cette élection et, surtout, la capacité des accusés à obtenir un procès équitable», ajoute-t-il.
La tactique est conforme à la stratégie juridique typique de Donald Trump. Cette fois-ci, toutefois, l'enjeu est de taille: s'épargner un procès pénal qui, s'il est reconnu coupable, pourrait valoir au 45e président une longue peine de prison.
Donald Trump a tout à gagner d'un report. Dans l'hypothèse où il serait réélu en novembre 2024, le potentiel futur président pourrait profiter de son statut pour perturber les efforts de l'accusation.
Durant son premier mandat, il a notamment promulgué le pouvoir de l'«auto-pardon» - encore jamais testé jusqu'à présent, rappelle Politico. Et si cela ne lui dit pas, il pourra toujours nommer une nouvelle brochette de dirigeants du ministère de la Justice, acquis à sa cause - lesquels pourraient purement et simplement décider de mettre fin à ces poursuites judiciaires persistantes.