En ce qui concerne l’ex-dirigeant américain, sa soif de reconnaissance ne devrait pas tellement nous surprendre. Pourtant, l’une de ses interviews, qui vient tout juste d'être rendue publique, est assez révélatrice.
Dans son livre «Confidence Man: The Making of Donald Trump and the Breaking of America» (traduction: «Confidence Man: la naissance de Donald Trump et l'effondrement de l'Amérique»), qui doit paraître le 4 octobre la journaliste du New York Times Maggie Haberman relate une discussion avec Trump sur les motifs de sa candidature à la présidence des Etats-Unis.
Lorsque la journaliste lui demande pourquoi il s'est présenté, Trump aurait répondu: «J'ai tellement d'amis riches et personne ne sait qui ils sont». Alors que Trump songeait à devenir président des États-Unis et à ce que cela impliquait, sa première impulsion n'a donc pas été de parler de «service à la nation». Pour lui, cette fonction suprême semblait n'être pour lui qu'un vecteur supplémentaire de célébrité. Selon Maggie Haberman, pour Donald Trump, certaines expériences ne valaient la peine qu'à condition de susciter l'envie et la jalousie des autres.
L'auteure évoque également les documents confidentiels des services secrets que Trump a indûment apportés dans sa résidence de Floride à Mar-a-Lago, et que le FBI a récemment saisis lors d'une perquisition en août dernier.
Trump avait déjà réalisé son vœu le plus cher de gloire avant sa première présidence. Il est en revanche de moins en moins probable qu'il puisse briguer un second mandat. L'ex-dirigeant vit actuellement le moment le plus dangereux de sa carrière. Les autorités fédérales, les autorités des États et le Congrès enquêtent sur lui - tantôt pour sédition, tantôt pour fraude, et également dans le cadre d'accusations de viol. On dresse le récap' de ce qui lui pend au nez.
Toujours en cours, les enquêtes du ministère de la Justice et du procureur général Merrick Garland portent sur les circonstances dans lesquelles Trump a transporté de nombreux documents gouvernementaux classés hautement confidentiels vers sa résidence privée de Mar-a-Lago. Il ne les a pas transmis aux archives nationales compétentes, même après y avoir été invité. Garland lui-même pourrait porter plainte contre Trump dans cette affaire.
Certes, Trump tente comme il peut de retarder la procédure: il a demandé l’intervention d’un représentant spécial pour examiner de plus près la légalité des perquisitions du FBI. Pendant ce temps, le ministère de la Justice n'aurait alors pas pu utiliser les documents pour ses propres enquêtes. Les chances qu'il obtienne gain de cause sont toutefois bien minces. Une cour d'appel a récemment autorisé le ministère de la Justice à continuer d'examiner les documents de Mar-a-Lago.
Trump insiste sur le fait qu'il n'a rien fait de mal et invoque son droit, alors présidentiel, de pouvoir annuler la classification de documents comme secrets. Lorsque Fox News lui a demandé s'il l'avait fait pour les documents concernés, il a répondu: «Quand on est président des Etats-Unis, on peut lever cette classification en disant simplement: "C'est déclassifié". Il suffit même d'y penser».
A l’heure actuelle, la plainte la plus délicate qui menace Donald Trump a été déposée à New York, et elle pourrait sérieusement le faire vaciller. La semaine dernière, la procureure générale locale, Letitia James, a déposé une plainte civile de 280 pages contre l'entreprise de Trump pour fraude financière. Son directeur n'est l’unique pas concerné, puisque les enfants Donald Junior, Ivanka et Eric Trump, ainsi que d'autres cadres supérieurs de son entreprise, sont aussi inquiétés.
Selon cette plainte, le républicain, sa famille et ses collaborateurs auraient surévalué de plusieurs centaines de millions de dollars la valeur des actifs de l'entreprise et de ses nombreux biens immobiliers afin d'obtenir des crédits. En outre, Trump aurait obtenu de larges allègements fiscaux au moyen de fausses déclarations.
Si la procédure aboutit, toutes les pratiques commerciales de Trump, qui sont depuis longtemps controversées, pourraient prendre fin. La procureure générale réclame 250 millions de dollars d'amende à Trump et aux autres accusés.
Ce mercredi devait marquer un grand moment: la commission d'enquête du Congrès américain sur l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 était censée se réunir sans doute pour la dernière fois. Mais faute à l'ouragan Ian qui s'abat sur la Floride, la séance a dû être reportée.
Depuis des mois, la commission se penche publiquement sur le rôle de Trump et de son administration dans un éventuel projet de renversement du gouvernement. Les parlementaires ont déjà rassemblé de nombreux preuves, déclarations et autres pièces à conviction.
La commission d'enquête n'a certes aucun moyen d'action juridique. Elle ne peut qu’en référer au ministère de la Justice compétent, qui mène ses propres investigations. Le ministre de la Justice, Merrick Garland, qui est également procureur général aux Etats-Unis, doit cependant toujours veiller à ne pas s'exposer au reproche d'influence politique. Alors que les républicains l'accusent de partialité, les démocrates lui reprochent d'enquêter trop «timidement».
La pression publique sur l'ex-président, les républicains et le ministre de la Justice a néanmoins sensiblement suite aux révélations de la commission d'enquête. La popularité de Trump, y compris parmi ses propres partisans, a chuté de manière considérable depuis le début des auditions.
Pour cette toute dernière séance, le 28 septembre, on s'attend à des témoignages retentissants, présentés une fois de plus de manière très dramatique. La commission devrait présenter son rapport final avant l’élection du prochain Congrès, début novembre.
Selon la journaliste et écrivaine E. Jean Carroll, Donald Trump l'aurait violée en 1994 dans une cabine d'essayage du grand magasin de luxe Bergdorf Goodman à Manhattan. Faute de pouvoir le poursuivre pour viol, les faits étant prescrits, Carroll a opté pour une autre méthode: déposer plainte pour diffamation.
En effet, alors qu'il était encore président, Trump avait répondu aux accusations de viol de manière lapidaire en affirmant que Carroll n'était «pas son type». Une déclaration à laquelle s'oppose Carroll juridiquement aujourd'hui.
Un tribunal de Washington doit désormais déterminer si les commentaires de Trump constituent une diffamation inadmissible à l'égard de la plaignante.
Difficile d'estimer les chances de succès d'une telle procédure. S'il est probable que Trump s'en sorte, son image publique pâtirait une fois de plus de son comportement avec les femmes.
Moins médiatisée, mais néanmoins en cours, une autre enquête dans l'État de Géorgie pourrait se révéler très problématique pour Trump. Le procureur d'une petite circonscription a déposé plainte contre l'ex-président et ses collaborateurs. Selon lui, ils auraient fait pression sur des fonctionnaires pour annuler les résultats des élections en faveur de son adversaire Joe Biden. Un jury devra finalement trancher dans cette affaire. Le républicain Lindsey Graham, proche de Trump, devra également témoigner.
En Géorgie, Trump avait déjà demandé par téléphone au ministre compétent Brad Raffensperger de «trouver» les voix qui lui manquaient pour gagner.
L'intéressé avait alors annoncé que certaines machines à voter seraient remplacées dans une circonscription. Selon lui, des proches de l'ancien président y auraient eu un accès non autorisé.
Pour Donald Trump, faire les gros titres et provoquer des scandales présente des inconvénients, mais aussi des avantages. D'une part, cette mauvaise presse reflète sa situation juridique de plus en plus désespérée. D'autre part, comme pour pratiquement tous les autres anciens hommes d'État, la médiatisation négative attire tout de même de l’attention. Trump en a toujours besoin pour mobiliser en sa faveur et servir sa nouvelle campagne électorale à venir. Que le doute profite, ou non, à l’accusé.
Et puis, comme le soulève le nouveau livre de Maggie Haberman, il y a un fait à ne pas oublier: la quête de renommée reste l'un des principaux moteurs de Donald Trump. Raison pour laquelle il a choisi de se faire connaître du public. On ne l'oubliera pas. Ça, au moins, c’est une certitude.