Révoltes dans les prisons, prises d'otages, état d'urgence: la révolte des gangs de la drogue en Equateur a provoqué une escalade de la violence. Les millions de consommateurs de cocaïne en Europe ont leur part de responsabilité: ils financent le business de la mafia de la drogue, qui pèse des milliards.
Et les Suisses pèsent lourd dans la balance. En effet, Zurich, Bâle, Genève et Saint-Gall font partie des villes européennes où la cocaïne est la plus présente, comme le montre le rapport de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), basé sur l'analyse des eaux usées. D'un point de vue historique, la consommation et la disponibilité de la cocaïne en Europe sont très élevées.
Il n'y a presque que dans les villes de Belgique et des Pays-Bas – où la cocaïne d'Amérique du Sud arrive en masse – que l'on consomme plus de cocaïne qu'en Suisse. Plus précisément, dans les ports d'Anvers (Belgique), Rotterdam et Amsterdam (Pays-Bas). De nombreuses livraisons proviennent de Guayaquil, qui est devenue ces dernières années l'un des centres de transbordement de la cocaïne. La ville équatorienne est désormais sous les feux de l'actualité, avec les combats entre gangs et la prise d'otages dans le studio de télévision.
Et ces chiffres ne cessent d'augmenter, si l'on estime la quantité totale passée en contrebande à partir de la cocaïne saisie, surtout depuis 2016. Cela pourrait être dû à l'accord de paix avec la guérilla colombienne des Farc, qui a bouleversé le marché de la cocaïne. La production a atteint des sommets et de plus en plus de cocaïne, de plus en plus pure, est expédiée vers l'Europe.
Alors qu'en 2019, 64 tonnes de cocaïne ont été saisies dans le port d'Anvers, ce chiffre est passé à environ 90 tonnes en 2021 et à 110 tonnes en 2022 – un record. Il est probable qu'un nouveau sommet ait été atteint en 2023. Rien qu'en octobre, les enquêteurs ont saisi à Anvers 23 tonnes de cocaïne d'une valeur marchande de près de 2 milliards d'euros.
La quantité saisie est désormais si importante que les incinérateurs belges ne peuvent plus faire face à la destruction. Les autorités douanières tirent la sonnette d'alarme, car des bandes armées tentent de récupérer la cocaïne stockée dans des entrepôts. Pourtant, les saisies ne représentent qu'une fraction de la quantité réelle: environ 10%, selon les estimations.
Et avec la cocaïne vient la violence. Tant aux Pays-Bas qu'en Belgique, les fusillades et les luttes de pouvoir entre bandes rivales se multiplient. Début 2023, la nièce de onze ans d'un baron de la drogue a été abattue à Anvers. En 2021, le célèbre journaliste Peter de Vries a été tué en pleine rue à Amsterdam, vraisemblablement par la Mocro Maffia marocaine. La violence des gangs augmente également à Bruxelles, où la cocaïne est souvent transformée avant d'être distribuée dans toute l'Europe.
La Belgique a désormais placé la lutte contre les trafiquants de cocaïne en tête de son agenda. Le problème doit également être abordé au niveau de l'Union, car il concerne toute l'Europe. Le plus grand procès pénal de l'histoire du pays se déroule actuellement à Bruxelles avec 129 accusés, dont beaucoup sont de nationalité albanaise. Il leur est reproché d'avoir organisé depuis la Belgique un réseau de cocaïne à l'échelle européenne.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder