Depuis que Vladimir Kara-Mourza a été transféré, fin janvier, dans une colonie pénitentiaire en Sibérie, ses conditions de détention se sont dramatiquement détériorées. Depuis le début de l'année, il doit même subir la forme la plus sévère de détention. Il s'agit d'une «prison à l'intérieur de la prison», comme l'écrit le portail d'investigation russe The Insider, c'est-à-dire d'un espace dans lequel les détenus sont privés de tout droit. D'anciens détenus font état de graves violations des droits humains; les prisonniers seraient notamment soumis à des formes de torture très graves.
«La vie n'est plus une partie de plaisir pour moi», a écrit Vladimir Kara-Mourza à son avocat au printemps dernier. Il avait alors déjà passé près de deux ans en détention dans différentes colonies pénitentiaires. Condamné à 25 ans de prison, notamment pour s'être prononcé contre la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Pendant un certain temps, le destin de l'opposant russo-britannique s'était un peu effacé derrière celui d'un détenu encore plus connu: Alexeï Navalny. Depuis la mort mystérieuse de ce dernier dans une colonie pénitentiaire en février 2024, le cas de Vladimir Kara-Mourza revient sur le devant de la scène. Pour une triste raison: il serait en très mauvaise santé.
Des images d'une audience judiciaire contre Vladimir Kara-Mourza en juillet 2023 ont déjà montré que l'homme de 42 ans s'est dégradé physiquement. Maigre et les joues creuses, il s'est présenté dans une salle d'audience moscovite après son transfert du camp pénal IK-6. Son sourire ne parvenait pas à masquer un air préoccupé.
Le Royaume-Uni a demandé au régime du président russe Vladimir Poutine de relâcher immédiatement l'opposant du Kremlin, compte tenu de son état de santé. L'homme de 42 ans doit recevoir un «traitement médical urgent», a alerté Nusrat Ghani, ministre d'Etat britannique à l'Industrie et à la Sécurité économique, mercredi soir. «Les conditions de détention menacent sa vie», a-t-elle poursuivi. «Son état de santé se détériore.»
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Vladimir Kara-Mourza, l'un des critiques les plus importants du dictateur russe, a été condamné en avril 2023 à 25 ans de prison pour «haute trahison». Il avait auparavant accusé la Russie de «crimes de guerre» en Ukraine lors d'un discours aux Etats-Unis. Il s'agit de la plus longue peine de prison jamais prononcée contre une personne critique du Kremlin.
L'épouse du détenu a déjà signalé à plusieurs reprises que son mari souffrait de graves problèmes de santé. «Les conditions de détention mettent sa vie en danger», a déclaré Evguenia Kara-Mourza à une représentante du gouvernement britannique. Selon elle, l'opposant souffre d'une polyneuropathie, une maladie nerveuse qui peut conduire à la paralysie.
Cette maladie est apparemment la conséquence de deux attaques toxiques contre Vladimir Kara-Mourza. Tant en 2015 qu'en 2017, l'activiste politique et opposant à Poutine avait été hospitalisé avec de graves symptômes d'empoisonnement. Les deux fois, il a survécu de justesse. Selon ses avocats, les services secrets russes seraient impliqués dans ces attaques.
Le journaliste d'investigation est considéré comme l'un des critiques les plus acharnés du régime russe. Dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN, il a un jour qualifié le gouvernement de Vladimir Poutine de «règne des assassins». Vladimir Kara-Mourza était entre autres un bon ami de Boris Nemtzov, autre critique du régime russe, qui a été abattu dans le dos sur le Grand Pont de Moscou en 2015. Tout près de la résidence de Vladimir Poutine, au Kremlin.
Traduit et adapté par Tanja Maeder
