«Une insulte à toute une profession.» Pour le Syndicat des commissaires de la police nationale (Scpn), le bouchon a été poussé trop loin avec l'étiquette d'un vin de Bordeaux illustré par un policier bourré et l'inscription «Le partenaire de mes bavures». Le syndicat a réclamé, mercredi, le retrait du breuvage des rayons de Carrefour. Formulée sur Twitter, la demande du Scpn a aussitôt enflammé les débats sur le réseau social à l'oiseau bleu.
Cette bouteille est en rayon chez Carrefour City à #Nantes
— Commissaires de la Police Nationale SCPN (@ScpnCommissaire) November 17, 2021
On y voit un dessin de #policier ivre, et la mention « le partenaire de mes bavures ». C’est une insulte à une profession, et indigne de cette enseigne. @GroupeCarrefour @CarrefourFrance une réaction ? @PoliceNationale pic.twitter.com/lFFRn68am7
Le sujet est très sensible car le dessin a été réalisé par Charb, caricaturiste qui a perdu la vie lors de l'attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015. Le coup de pression des policiers a été largement critiqué. «Une insulte à la profession? Et ce n'est pas une insulte à la mémoire des défunts, à celle de Charb et celle des 12 victimes, que d'exiger le retrait du dessin? Cette demande de retrait de la bouteille, a fustigé un internaute, me paraît non seulement d'une rare indécence mais totalement déplacée et une offense à la mémoire douloureuse.»
Un twitto suisse a pris part au débat en demandant à Carrefour de ne pas céder. «Vous n'allez pas canceller Charb, qui a juste sacrifié sa vie à la liberté d'expression?» Certains ont menacé de boycotter l'enseigne. «Si vous retirez ce vin, je ne viendrais plus dans vos magasins», a déclaré un internaute.
Vous allez céder à la pression d'un syndicat d'extrême-droite qui veut supprimer le dessin d'un journaliste de presse assassiné par des terroristes islamistes ?
— Ptite Fourmi (@AntEditions) November 17, 2021
Critiqué sur le non-respect de l'esprit Charlie, le Scpn a réagi. «Nous aussi nous sommes Charlie, nous aussi nous avons de l’humour», a déclaré le syndicat. «Cela n’a rien à voir avec le dessin de Charb. Mais les policiers sont suffisamment attaqués et menacés pour ne pas laisser dire qu’ils commettent des bavures parce qu’ils sont alcooliques. #JeSuisCharlie», s'est justifié le Scpn.
C'est clair, mais quand ils jouent la comédie, tous ces #JeSuisCharlie sur la liberté d'expression pour emmerder les #Musulmans, et s'offusquer de cette même liberté d'expression quand ils sont concernés par une caricature, ce sont surtout de gros #Charlots
— plan2trade (@plan2trading) November 18, 2021
En fait, derrière l'étiquette de la bouteille se cache une vieille amitié entre le vigneron français Gérard Descrambe et l'équipe de Charlie Hebdo. Ce lien avait été rapporté par Sud-Ouest en 2015, peu de jours après l'attentat contre l'hebdomadaire satirique. (apn)