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Tesla et SpaceX visées par plusieurs plaintes pour harcèlement sexuel

Le patron de Tesla et SpaceX, Elon Musk.
Le patron de Tesla et SpaceX, Elon Musk. bild: shutterstock

Elles dénoncent une «culture du harcèlement sexuel» chez Tesla et SpaceX

Tesla et Space X, les entreprises du puissant patron Elon Musk, sont visées par plusieurs plaintes. Plusieurs femmes dénoncent le harcèlement sexuel dont elles ont été victimes sur ces lieux de travail.
18.12.2021, 17:20
Oliver Wietlisbach
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Ce sont actuellement une demi-douzaine de femmes qui poursuivent Tesla en justice. Le pionnier de la voiture électrique aurait mis en place une véritable culture du harcèlement sexuel dans laquelle des employées auraient subi des commentaires suggestifs, des attouchements et des discriminations.

Les six femmes, qui ont chacune déposé une plainte distincte, ont décrit une série d'expériences similaires, lors d'entretiens avec le Washington Post et dans les dépositions. Cinq d'entre elles ont travaillé à l'usine Tesla de Fremont, en Californie, et une autre était employée dans un des centres de service de l'entreprise, près de Los Angeles.

12.11.2021, Niedersachsen, Hannover: Autos parken an einem Autohaus des Elektroauto-Herstellers Tesla vorbei. Seit Jahresbeginn hat die Aktie von Tesla rund 50 Prozent an Wert gewonnen. Tesla ist dami ...
L'Usine Tesla en Allemagne.Image: DPA (12 novembre 2021)

Selon les avocats, les anciennes employées ont fait état d'un environnement où «il est normal qu'on les siffle, qu'on les regarde, qu'on les touche de manière inappropriée et qu'on leur fasse des avances». Elles ont notamment décrit des situations dans lesquelles des collègues masculins les avaient invitées à des actes sexuels.

Plusieurs femmes expliquent ne pas avoir osé parler au service des ressources humaines, parce que leurs supérieurs étaient directement impliqués dans le harcèlement. Et pour celles qui s'étaient manifestées, elles n'ont pu que constater que rien n'avait changé. L'une des plaignantes, Jessica Brooks, a déclaré qu'elle avait été transférée de son lieu de travail après s'être plainte.

Un problème systémique chez Tesla

Plusieurs femmes ont déclaré souffrir de dépression et d'anxiété et affirment avoir délibérément porté des vêtements amples pour se protéger de tout autre harcèlement.

  • Jessica Brooks, qui travaillait dans l'usine Tesla en Californie, a déclaré qu'elle avait attaché des chemises en flanelle autour de sa taille pour cacher ses fesses et empêcher les hommes de faire des remarques suggestives.
  • Samira Sheppard, une autre plaignante, a déclaré que le travail lui avait laissé un sentiment de honte et de peur, ainsi qu'une lourde charge émotionnelle.
  • Alize Brown a qualifié son expérience à l'usine Tesla de Fremont de «cauchemar éveillée».
  • Ce n'est qu'en novembre qu'une autre ancienne employée a déposé plainte pour harcèlement sexuel persistant.
«Tant d'expériences similaires montrent qu'il s'agit d'un problème systémique chez Tesla»
William Jhaveri-Weeks, avocat

Outre ces sept plaintes, on en compte au moins quatre autres pour avoir encouragé une culture qui tolère le harcèlement racial et la discrimination.

Et n'est que la pointe de l'iceberg...

En effet, Tesla exige de nombre de ses employés des signatures obligatoires «d'accords d'arbitrage», comme il ressort des dossiers judiciaires. Cela signifie que les litiges sur le lieu de travail doivent être réglés en dehors des tribunaux. Selon le Washington Post, Tesla n'a pas réagi aux dernières accusations.

Le PDG de Tesla et SpaceX, Elon Musk, écoute une question alors qu'il s'exprime lors de la conférence et exposition SATELLITE à Washington, le lundi 9 mars 2020.
Plusieurs plaignantes de Tesla établissent un lien direct entre les abus qu'elles disent avoir subis et le comportement du patron de Tesla, Elon Musk.Image: keystone (9 mars 2020)

Chez SpaceX, l'entreprise spatiale d'Elon Musk, des femmes formulent également de graves accusations: Ashley Kosak, qui a quitté l'entreprise en novembre et travaille désormais chez Apple, écrit dans un article que des collègues l'ont touchée sans sa volonté et l'ont appelée plusieurs fois dans la nuit.

Le département des ressources humaines n'aurait pas réagi à ses plaintes. On lui aurait plutôt suggéré que de telles affaires étaient trop privées pour être confrontées ouvertement à ses collègues masculins.

«Chaque homme qui m'a harcelée a été excusé, malgré la politique dite de "tolérance zéro" et de "Ne sois pas un connard" de l'entreprise»
Ashley Kosak, ancienne employée de Space X qui a porté plainte pour harcèlement sexuellioness

Cinq autres employées accusent l'entreprise spatiale d'entretenir une culture d'entreprise misogyne. L'une d'entre elles a déclaré qu'un collègue alcoolisé avait tenté de s'introduire chez elle la nuit. Ashley Kosak a indiqué que SpaceX n'avait pas enquêté sur plusieurs cas de harcèlement sexuel qui lui avaient été signalés. Elle a décrit SpaceX comme une entreprise «tellement sexiste» que le seul moyen pour que les femmes s'en sortent était de «la quitter».

«Chez SpaceX, on nous a dit que nous pouvions changer le monde. Cependant, je n'ai pas pu éviter d'être constamment harcelée sexuellement.»
Ashley Kosaklioness

SpaceX n'a pas répondu à une demande de commentaire, écrit le portail technologique The Verge, qui a rendu publiques les dernières accusations.

La faute à Elon Musk?

Plusieurs plaignantes de Tesla établissent un lien direct entre les abus qu'elles affirment avoir subis et le comportement du patron de Tesla, Elon Musk. L'homme de 50 ans est particulièrement reconnu pour ses tweets grivois. Il fait souvent référence au chiffre 69 en référence à la position sexuelle et a dernièrement plaisanté à propos d'une université fictive en la nommant avec l'acronyme «T.I.T.S» («nichons» en anglais).

Eden Mederos, qui travaille dans un centre de service Tesla depuis 2016, a déclaré que les commentaires de Musk semblaient avoir un impact négatif direct sur le comportement de ses collègues masculins et «ne faisaient qu'attiser leur mauvais comportement».

David Lowe, l'avocat des plaignantes, a évoqué une «attitude au sommet» qui permettait un «modèle de harcèlement sexuel et de représailles omniprésent». Selon sa cliente, dans un entretien avec le Washington Post, le fait d'avoir rejeté les tentatives de flirt et les étreintes d'un manager a mis fin à sa carrière chez Tesla:

«J'étais fière d'y travailler quand j'ai obtenu ce poste. (...) Quand je suis partie, j'étais tout simplement dévastée.»
Une victime de harcèlmentwashington post

Selon elle, le stress de travailler dans cet environnement sexiste et hostile était devenu trop important.

Tesla avait déjà été confronté à des plaintes concernant les conditions de travail. En octobre dernier, un tribunal californien a accordé des dommages et intérêts à un ex-employé noir parce que l'entreprise avait ignoré un harcèlement racial persistant.

Au printemps, Tesla a été blâmé pour des pratiques de travail déloyales. Il s'agissait entre autres d'interrogatoires d'employés concernant des plans syndicaux présumés et la menace de perdre des options sur actions s'ils se faisaient représenter par un syndicat. En mars 2021, l'agence américaine pour la protection des travailleurs a jugé illégal le licenciement d'un employé qui avait fait campagne pour la création d'un syndicat.

Dans ce contexte, des parallèles peuvent être faits avec d'autres entreprises d'Elon Musk. Ashley Kosak, ancienne ingénieure de SpaceX, reproche à Musk de considérer ses ingénieurs comme des ressources:

«Le comportement d'Elon Musk présente une remarquable similitude avec le comportement d'un homme sadique et exploiteur qui faisait autrefois partie de ma vie. Elon fait des promesses dont il ne se sent pas responsable, repousse constamment l'objectif, prive inutilement de ressources les personnes qui travaillent au bord du burn-out, puis leur envoie des menaces pour leur rappeler que leurs efforts ne seront jamais suffisants»
Ashley Kosak, ancienne employée de SpaceX

Musk a été élu lundi «personnalité de l'année» par le magazine américain Time. (traduit et adapté par mbr)

Copin comme cochon: le souper de boîte
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