Tout va très vite. Pas même le temps de savourer une victoire qui va faire jaser encore de longues semaines. A peine a-t-il été nommé que le «plus jeune premier ministre», le «premier premier ministre ouvertement gay», le «premier ministre qui n'a jamais travaillé de sa vie», la «marionnette de Macron» ou encore le «futur président de la République» a sauté dans sa berline pour étrenner son nouveau boulot de chef du gouvernement, dans un commissariat du Val-d'Oise. Une «mise en scène», chanteront en choeur ses détracteurs.
A ses côtés, Gérald Darmanin, qui rêvait du job, tirait un peu la tronche. Mais que le ministre de l'Intérieur se rassure, Gabriel Attal compte vraisemblablement le maintenir à son poste, puisqu'il aurait «eu, mardi, un échange avec le président qui lui a redit sa confiance».
Idem concernant les deux poids lourds que sont Éric Dupond-Moretti (Justice) et Bruno Le Maire (Bercy), mais aussi Sébastien Lecornu à la Défense et Marc Fesneau à l'Agriculture. Pour le reste, et à quelques heures des premières nominations, c'est à la fois la foire à la rumeur et un véritable Tetris politique.
Le défi est de taille, puisqu'il faudrait à la fois respecter la parité homme-femme, chouchouter les alliés (du MoDem à Horizons), s'offrir quelques stars et regonfler l'impression de renouveau, dans un gouvernement qui a été passablement bousculé ces derniers mois. Rajouter à cela la grogne de certains vieux briscards qui refuseraient de «travailler sous les ordres d'un gamin».
A l'interne, il se chuchote que les ministres en place vivent «très mal» ce suspense et considèrent ce remaniement de la dernière chance (pour Macron) comme des chaises musicales un peu creuses. A l'Elysée, on raconte qu'il y a «la volonté d'aller vite, sachant que l'exercice est par définition imprévisible». A l'époque, Xavier Bertrand avait d'ailleurs bricolé une punchline pour décrire ce moment unique de la vie politique nationale.
Avant de connaître enfin les élus (entre 12 et 16, aux dernières nouvelles), ce sont surtout les médias parisiens qui crient «faites vos jeux» depuis quarante-huit heures. Avec des spéculations qui partent littéralement dans tous les sens. Parmi les ministères qui aimantent le plus de rumeurs? Celui de la Culture, en raison de deux papables principaux, qui nourrissent abondamment les débats sur les réseaux sociaux: Claire Chazal et Stéphane Bern.
Stéphane Bern et Claire Chazal pressentis à la Culture? En attendant Gérard Depardieu aux Affaires Etrangères pour fluidifier les relations avec la Russie? pic.twitter.com/ywF1Xp4hc4
— Christian Lehmann (@LehmannDrC) January 10, 2024
Les habituelles personnes «proches du dossier» sont persuadées que le président rêve désormais d'une «personnalité connue et aimée des Français». Tout le contraire de l'actuel ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak qui a cumulé les affronts au chef de l'Etat, en s'opposant à la loi immigration ou en annonçant une procédure disciplinaire expresse dans le but de retirer la Légion d’honneur à Gérard Depardieu.
Stéphane Bern? L'animateur et chouchou des Royals de la planète est un bon copain d'Emmanuel Macron. Claire Chazal? La journaliste, gravée dans l'histoire du 20H de TF1, avait déjà refusé le job en 2018. Il faudra attendre le 10 janvier à 18h22 pour que la «neuvième personnalité préférée des Français» s'exprime lui-même sur cette folle rumeur. Et le Franco-Luxembourgeois a choisi le journal L'Essentiel pour stopper la machine infernale:
Gabriel, prénom que le journaliste Christophe Barbier renvoie d'ailleurs «au bras armé de Dieu» dans la Bible, est pris en étau entre les fermes désidératas de Macron et les pressions des puissants boomers du sérail politique français. L'exercice est difficile. Surtout si «le kid» veut gagner en crédibilité. D'autant que les premières pistes de son projet pour la France sont, à choix, très jupitériennes (valoriser les «Français qui travaillent et aspirent à l'ordre») ou carrément cryptiques: ça veut dire quoi «garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel»?
Réponse(s) dès jeudi après-midi.