Le chef de l'Etat a donné le coup d'envoi de ces commémorations en marquant le 80e anniversaire des combats qui opposèrent l'armée allemande et la milice française aux résistants en mars 1944, sur le plateau des Glières, dans les Alpes (sud-est).
Il a rappelé à plusieurs reprises la devise de ces résistants, «Vivre libre ou mourir», faisant le rapprochement avec l'invasion russe en Ukraine. Il faut «que cette guerre cesse», a-t-il martelé.
Quelque 465 maquisards s'étaient regroupés de janvier à mars 1944 sur le plateau pour réceptionner des parachutages d'armes des Alliés, en vue du débarquement de Provence (août 1944).
Fin mars, l'armée allemande et la milice française proallemande investirent les lieux. Les deux tiers des maquisards furent faits prisonniers et 124 tués lors des combats ou fusillés, neuf disparurent et 16 mourront en déportation.
Il a rendu hommage à la diversité des maquisards, «professeurs, paysans, notables, juifs comme catholiques, communistes, socialistes ou gaullistes, anarchistes, officiers français et étrangers, unis dans le même combat face au nazisme».
Non loin de là, à Izieu, où 44 enfants juifs de quatre à 12 ans qui étaient censés être à l'abri furent raflés par la Gestapo de Lyon sur ordre de son chef Klaus Barbie le 6 avril 1944, puis assassinés dans les camps nazis d'Auschwitz-Birkenau (Pologne) et de Reval (Estonie), le chef de l'Etat s'est entretenu avec quatre anciens pensionnaires.
«Je ne comprenais rien à cette guerre (...) j'étais en colère, je ne mangeais plus», lui a raconté Hélène Waysenson, huit ans à l'époque. «Il faut beaucoup de résilience pour venir vous parler», a relevé Roger Wolman, qui, en 1943, âgé de cinq ans, a passé quelques semaines dans la maison après la déportation de ses parents.
«Rien ne justifie de revenir à ces idéologies mortifères», a affirmé Macron, interpellé lors d'un bain de foule sur la montée des extrêmes et alors que les actes antisémites ont augmenté en France depuis le début de la guerre à Gaza il y a six mois.
Entre mai 1943 et avril 1944, la colonie d'Izieu, fondée par Sabine Zlatin, résistante juive d'origine polonaise, et son époux Miron Zlatin, qui avait fui la Révolution russe, ont accueilli une centaine d'enfants, parfois pour quelques semaines.
Ce long cycle mémoriel, qui marque le début de la «Renaissance» de la France avec la victoire sur l'occupant nazi et le régime de Vichy en 1944, va se poursuivre jusqu'à la fin de l'année. Emmanuel Macron rendra aussi hommage le 16 avril au maquis du Vercors (sud-est), une première pour un président en fonction.
Suivront notamment les célébrations pour le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, le 6 juin, auxquelles le président américain Joe Biden est attendu, le 80e anniversaire du débarquement de Provence et de la libération de Paris en août et enfin celle de Strasbourg (est) en novembre.
Depuis 2017, Emmanuel Macron enchaîne les hommages nationaux et les références historiques, plus que ses prédécesseurs, exception faite peut-être du général Charles de Gaulle. Une manière pour lui d'invoquer une Nation rassemblée par temps de fractures, et d'esquisser, en filigrane, son propre projet politique.
Après «l'itinérance mémorielle» autour de la Première Guerre mondiale en 2018, les commémorations de la Libération doivent constituer un temps fort de son second quinquennat, avec les JO de Paris. (lal/ats)