En tant qu’élus de la nation, ils ont toute leur place ce mercredi aux Invalides à Paris. Sauf que… Les députés de La France insoumise (LFI) ne sont pas les bienvenus à l'hommage national aux victimes françaises du massacre du 7 octobre. Regroupées dans un collectif nommé No Silence, les familles des 42 ressortissants français tués ce jour-là par le Hamas dans le sud d'Israël s’opposent à la présence des élus de la gauche radicale à la cérémonie qui sera présidée par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron.
Les raisons de ce refus? Comme un certain nombre de parlementaires socialistes suisses, des députés LFI ont eu grand-peine à décrire ce qui s’était passé ce jour-là, à savoir une tuerie de masse: près de 1200 morts, en grande majorité des civils habitant des kibboutz, d’autres qui participaient à un festival de musique en plein air.
LFI, le parti de Jean-Luc Mélenchon, avait rédigé un communiqué qui avait choqué jusqu'à ses partenaires de la Nupes, la coalition de gauche au parlement. Extrait:
Il n’y avait aucun mot dans ce communiqué pour dire l’horreur du massacre. Dans la foulée, la députée LFI Danielle Obono avait qualifié le Hamas de «mouvement de résistance», soit presque la signification de son acronyme, qui veut dire en entier: Mouvement de résistance islamique. Les déclarations de La France insoumise avaient scandalisé, tant elles relativisaient les événements tragiques du 7 octobre. LFI avait refusé de qualifier l’attaque du Hamas de «terroriste».
Le collectif No Silence reproche au parti de Jean-Luc Mélenchon de «porter une très lourde responsabilité dans l’explosion de la judéophobie» en France depuis le 7 octobre.
Lundi dans un tweet, l’avocat Patrick Klugman, conseil de certaines des familles en deuil, s’est adressé à des députés LFI, ainsi qu'à l'écologiste Aymeric Caron, lesquels ont dit leur intention d’assister à la cérémonie bien qu’ils n’y soient pas désirés par les principaux concernés. Extraits:
À vous, chers @MathildePanot @Portes_Thomas @GuiraudInd @CaronAymericoff
— Patrick Klugman (@PKlugman) February 5, 2024
Un hommage national va être rendu aux 42 français assassinés lors des massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier.
Il n’a échappé à personne que pour des motifs qui tiennent au Protocole de la…
Deux jours plus tôt, le député LFI et bras droit de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, annoncé présent à la cérémonie ce mercredi, avait appelé à «ne [pas transformer] un moment de recueillement en un moment de polémique politicienne et nous espérons qu'il en sera de même pour tout le monde».
Il est normal que la France rende hommage aux 42 victimes françaises du Hamas.
— Manuel Bompard (@mbompard) February 4, 2024
Nous partageons leur peine et leur chagrin et nous souhaitons leur rendre hommage.
Nous ne transformerons pas un moment de recueillement en un moment de polémique politicienne et nous espérons qu'il… pic.twitter.com/VWdz3Kd5dv
Comme le précise Le Monde, chacun des «quarante-deux concitoyens décédés» sera représenté par une photographie avec son nom, la plupart des victimes, franco-israéliennes, ayant été inhumées en Israël.
Le président de la République, Emmanuel Macron, avait d'abord pensé organiser un hommage de la nation à des «citoyens français juifs», une fois que tous les otages français retenus à Gaza seraient libérés. Or tous ne l'ont pas été. L’Elysée affirme ne pas disposer de «preuve de vie» pour les trois derniers restant là-bas.
La présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, a dit qu’elle se rendrait à la cérémonie afin de rendre hommage «à l’ensemble des victimes françaises de cette guerre au Proche-Orient», donc aussi aux Franco-Palestiniens tués à Gaza par l’armée israélienne.
L’Elysée n’a pas voulu «mêler deux types de victimes, celles auxquelles un hommage sera rendu mercredi étant des «victimes du terrorisme», a-t-il fait savoir. Un «temps mémoriel» est ainsi envisagé pour les Français tués à Gaza, mais dans un second temps.
Le bilan humain à Gaza dépasse les 26 000 morts, dont une majorité de femmes, d’enfants et d’adolescents, selon le dernier décompte fourni par le Hamas.