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Voici Imamoglu, le maire élu d'Istanbul qui fait peur à Erdogan

Qui est Ekrem Imamoglu, l'homme qui fait peur à Erdogan?

Turkey Local Election Republican People s Party CHPs re-elected third in a row Istanbul Metropolitan Municipality Mayor Ekrem Imamoglu is making a statement regarding the victory of elections at the S ...
Ekrem Imamoglu a fêté sa victoire aux municipales à Istanbul.Image: www.imago-images.de
L'opposition remporte une nouvelle victoire à Istanbul, signalant une défaite amère pour le président Erdogan. Vainqueur des élections municipales, Ekrem Imamoglu renforce sa position de leader de l'opposition.
01.04.2024, 21:07
Camilla Kohrs / t-online
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t-online

C'est un revers cuisant pour le président turc Recep Tayyip Erdogan. Il avait l'intention de reconquérir la mégapole d'Istanbul lors des élections municipales en positionnant son ancien ministre de l'Environnement comme futur maire dans la course. Mais celui-ci a été battu.

Au lieu de cela, c'est le maire sortant Ekrem Imamoglu, que de nombreux observateurs considèrent déjà comme un possible futur président de la République, qui a triomphé. Mais qui est l'homme qui – à la surprise générale – a été élu maire d'Istanbul en 2019 et qui est désormais parvenu à défendre ce poste?

«Erdoğan a mangé des keftas dans mon resto»

«D'Istanbul au monde»: ce slogan s'appliquait déjà à Erdoğan. En effet, le président a lui aussi commencé sa carrière politique dans la métropole – il a été maire de la ville dans les années 1990. Pour sa part, Imamoglu est originaire de la région de Trabzon sur la mer Noire, à plus de 1000 kilomètres d'Istanbul. Il est marié et père de trois enfants. Aujourd'hui âgé de 53 ans, il est arrivé sur les rives du Bosphore en tant que jeune homme. Il y a étudié la gestion d'entreprise, a tenu un restaurant de kefta et a rejoint l'entreprise de construction de sa famille.

Dans une interview télévisée, il a raconté qu'Erdogan, alors maire de la ville, était venu dans son restaurant de kefta. «Il a mangé des keftas dans mon restaurant. Je n'ai pas accepté son argent», a-t-il déclaré, ajoutant: «Il ne paiera pas cette facture tant qu'il sera en vie».

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Recep Tayyip Erdoğan.Image: AP

Depuis l'époque où Erdoğan était maire, Istanbul est restée, à quelques années près, aux mains du parti islamo-conservateur AKP d'Erdogan. Mais avec l'élection d'Imamoglu, la ville est passée au CHP, le parti de centre-gauche.

Des problèmes avec la justice turque

L'AKP avait alors fait annuler les élections. Au second tour, Imamoglu a gagné avec un écart encore plus grand. Ce succès est considéré comme le plus grave revers dans la carrière politique d'Erdoğan, du moins jusqu'aux élections de dimanche. Cela s'explique aussi par le fait qu'Imamoglu ne trouve pas seulement un écho dans le milieu classique du CHP, mais qu'il s'adresse aussi à des Turcs plus conservateurs.

Mais Ekrem Imamoğlu fait face à des problèmes avec la justice turque. Après sa première victoire électorale, il a été condamné à deux ans et demi de prison pour outrage à des fonctionnaires. De plus, le tribunal lui a interdit de faire de la politique. Imamoglu a fait appel, la décision est toujours en attente. En 2023, un autre procès a été ouvert contre lui pour manipulation présumée des élections.

On reproche à Erdoğan et à l'AKP de vouloir ainsi freiner Imamoglu. L'AKP le nie certes, mais ce ne serait pas la première fois qu'Erdoğan utilise la justice pour se débarrasser d'opposants indésirables. Les problèmes judiciaires d'Imamoglu pourraient donc aussi être un indice que le président turc considère qu'Imamoglu présente un véritable danger.

Ekrem Imamoglu y croît «La démocratie renaîtra»

L'élection a donc été très animée. «C'est plus qu'une élection de maire», a déclaré Imamoglu pendant la campagne électorale. Pour lui, il s'agit de forger une nouvelle mentalité. Si celle-ci s'établit, «la démocratie renaîtra et le droit et la justice se rétabliront».

Ces mots montrent clairement que les ambitions d'Imamoglu vont plus loin que les élections de maire. En août dernier, Imamoğlu a décrit sa mission en ces termes:

«Je me lance pour défendre à nouveau Istanbul contre l'injustice et la destruction de l'environnement»

En effet, cela fait des années qu'Erdoğan mine la démocratie turque, sape la liberté de la presse et les droits des citoyens. Les élections, qu'il s'agisse des élections municipales ou de la dernière élection présidentielle, n'ont pas non plus été considérées comme équitables, car une grande partie des médias, en Turquie, est sous le contrôle direct ou indirect du gouvernement.

Imamoglu pourrait devenir le prochain président turc

En 2019, Ekrem Imamoğlu s'était présenté au nom d'une large alliance d'opposition, qui s'est toutefois brisée l'année dernière. Cette fois-ci, le soutien serait venu d'«une forte alliance de conscience, fondée par des millions de personnes assoiffées de démocratie et de justice», a déclaré Imamoğlu selon l'agence de presse américaine Reuters.

Avant même sa victoire de dimanche, les analystes disaient qu'Imamoğlu avait de bonnes chances de devenir le prochain président de la Turquie. Selon Reuters, cela fait des années que le CHP fait face à un «plafond de verre» et n'arrive pas à dépasser les 25% d'approbation au niveau national. Mais de nombreux analystes sont convaincus qu'Imamoğlu peut franchir ce seuil, et son récent succès devrait encore augmenter ses chances. Mais avant les prochaines élections présidentielles, prévues en 2028, Imamoğlu devra encore franchir quelques obstacles.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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