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L'Espagne exige les coordonnées bancaires des touristes

MALAGA, SPAIN - 2024/09/27: A group of tourists listen to a tour guide at Plaza del Obispo square during the World Tourism Day. The city of Málaga commemorates World Tourism Day under the slogan: &quo ...
Un groupe de touristes à Malaga, en septembre 2024.Image: LightRocket

L'Espagne veut transformer ses hôteliers en «police des touristes»

Dès la fin de l'année, les autorités de sécurité espagnoles collecteront les données personnelles des touristes, afin de faciliter la poursuite de criminels présumés. Le secteur du tourisme est en colère.
03.10.2024, 18:55
Ralph Schulze, Madrid
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Qui ne connaît pas cette situation: le voyage a été long, tout le monde est fatigué, mais à peine arrivé à l'hôtel, il faut remplir un formulaire. Nom, adresse, numéro de carte d'identité: la collecte de données lors de l'enregistrement à la réception fait partie de la routine pour les voyageurs et les hôteliers. Mais ces informations ne servent pas uniquement à la comptabilité interne et à la gestion des clients. Elles sont généralement transmises en parallèle aux autorités de sécurité afin de faciliter la poursuite de criminels présumés.

Entrée en vigueur fin 2024

C'est notamment le cas en Espagne. Cependant, un décret du gouvernement de Madrid suscite des réactions, car il vise à étendre considérablement la collecte de données personnelles de tous les touristes, qu'ils soient nationaux ou étrangers. Le lancement de ce nouveau système d'enregistrement était initialement prévu pour le 1er octobre. Mais après une vague de protestations de la part du secteur du tourisme, le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a reporté l'entrée en vigueur des nouvelles règles de déclaration au début décembre.

Cependant, ce report ne satisfait pas l'industrie du tourisme. Celle-ci exige l'annulation complète du décret controversé, qui n'a pas été coordonné avec le secteur. La frénésie de collecte des autorités de sécurité est jugée «disproportionnée», enfreint les réglementations européennes en matière de protection des données et transforme les hôteliers en une sorte de «police des touristes», selon les déclarations. En effet, les établissements d'hébergement seront tenus de vérifier l'exactitude des informations personnelles. En cas de non-respect, des amendes pouvant atteindre 30 000 euros sont prévues.

Les données transmises aux autorités

A l'avenir, les voyageurs se rendant en Espagne devront fournir plus de vingt informations personnelles dans les formulaires de déclaration à la réception. Il ne s'agira pas seulement des données d'identité complètes, mais également d'autres informations privées telles que l'adresse e-mail, le numéro de téléphone fixe, le numéro de portable, le genre et, dans le cas des mineurs, le lien de parenté avec les adultes accompagnants.

En outre, les données de paiement complètes doivent être transmises aux autorités de sécurité. Selon le mode de paiement, il s'agit donc également des données bancaires avec le numéro de compte et le titulaire du compte ou, dans le cas des cartes de crédit, leur numéro, leur validité et leur titulaire. Toutes les données doivent être conservées pendant trois ans. Les critiques parlent déjà «des voyageurs de Majorque sous surveillance». Adios le secret bancaire et la protection des données?

Mais ce n'est pas tout: cette masse de données ne sera pas seulement collectée et transmise au ministère de l'Intérieur par les établissements d'hébergement de toutes sortes, tels que les hôtels, les pensions, les campings et les locations de vacances privées. Elle sera également recueillie par les agences de voyages, les agences de vacances en ligne et même les sociétés de location de voitures.

Dans l'ordinateur de la police

La conséquence est que, par exemple, un visiteur de Majorque qui réserve un séjour à l'hôtel avec location de voiture par l'intermédiaire d'une agence de voyage se retrouve trois fois dans l'ordinateur de la police. Et ce, par le biais des données de l'agence, de l'hôtel et de la société de location de voitures. C'est aussi pour cette raison que la Cehat, l'organisation faîtière du secteur espagnol du voyage, parle de «chaos». Les défenseurs des consommateurs critiquent entre-temps cette «folie des données». Le décret sur la déclaration n'est pas compatible avec le principe européen de «minimisation des données».

Les avis divergent sur ce qui est réellement nécessaire. Le ministère de l'Intérieur justifie sa démarche par la lutte contre la criminalité: «Actuellement, les plus grandes atteintes à la sécurité des citoyens sont perpétrées aussi bien par des activités terroristes que par le crime organisé», peut-on lire dans l'exposé des motifs de la loi. En matière de prévention des risques, le contrôle des établissements d'hébergement et des loueurs de voitures revêt une importance particulière. La législation actuelle ne suffit plus pour que la police puisse «assumer sa mission de prévention de la criminalité».

En effet, l'Espagne n'est pas seulement l'une des destinations touristiques les plus populaires d'Europe. Elle est également considérée comme un paradis pour les membres de bandes criminelles internationales. Pourquoi? Parce qu'il leur est relativement facile de se fondre dans la masse des touristes et résidents étrangers.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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