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Le traité sur le plastique «au bord du gouffre»

Le traité sur le plastique est au bord du gouffre.
Image: AFP

Le traité sur le plastique «au bord du gouffre»

L'accord international contre la pollution plastique peine à se frayer un chemin. Le président des négociations a dévoilé mercredi après-midi un nouveau projet de texte moins ambitieux, rejeté par plusieurs pays.
13.08.2025, 17:5613.08.2025, 17:56
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A Genève, les représentants de 184 pays ont beaucoup de difficultés mercredi à s'entendre sur les mesures nécessaires pour réduire la pollution plastique au niveau mondial, et les négociateurs censés rendre un texte de traité international jeudi sont "au bord du gouffre", selon une déléguée.

Dans la dernière phase de négociation, des dizaines de ministres sont arrivés à Genève pour tenter de débloquer le processus piloté par des diplomates, mais les négociations qui opposent de gros blocs de pays dans un climat tendu sont «très difficiles», a indiqué le ministre danois de l'Environnement Magnus Heunicke.

Une nouvelle mouture du texte de traité sur lequel travaillent les délégués depuis neuf jours, simplifiée par le président des débats, est attendue dans la journée, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources, et une réunion plénière pour faire le point a été fixée à 19H00.

Le débat oppose toujours un groupe de pays pétroliers qui refusent toute contrainte sur le niveau de production du plastique, dérivé du pétrole, et toute interdiction de molécules jugées dangereuses pour l'environnement ou la santé au niveau mondial. Deux mesures vivement soutenues par un groupe de pays «ambitieux» plus important, ainsi que les ONG.

Remise en question de la portée du traité

Ils font valoir des vices de forme sur le début du processus de négociation adopté par l'Assemblée des Nations Unies pour l'Environnement en 2022 (sans l'Arabie Saoudite absente), et remettent en question même la portée du traité, estimant qu'il doit seulement porter sur la gestion du traitement des déchets, mais pas sur l'aval du cycle de production du plastique, ni sur des sujets de santé.

David Azoulay, directeur du programme de santé environnementale au sein du groupe de réflexion suisse CIEL, s'attend à ce que le texte de synthèse que doit publier dans la journée le président des débats, soit «le plus petit dénominateur commun», «très faible», et qu'il ne soit pas à la hauteur d'un traité censé régler la crise du plastique.

Pamela Miller, coprésidente de l'ONG IPEN (International pollutants elimination network), ajoute:

«Les négociateurs sont au bord du gouffre»

Selon elle, «le traité plastique c'est le pétrole contre notre santé. Les gouvernements à Genève doivent dire de quel côté ils se trouvent».

Eirik Lindebjerg, de l'organisation environnementale WWF, craint «des compromis» et un «mauvais accord» de dernière minute, alors que WWF dit avoir recensé «plus de 150 pays en faveur d'une interdiction de certains plastiques et produits toxiques dangereux» et 136 souhaitant que le texte puisse à l'avenir être renforcé.

Idem pour Graham Forbes, chef de la délégation de Greenpeace:

«Les ministres doivent rejeter un traité faible»

«Un traité vidé de sa substance risque d'être contre-productif» a averti Marie-France Dignac, chercheuse française de l'INRAE qui pilote la délégation des scientifiques français présents aux négociations.

Mais Aleksandar Rankovic, du groupe de réflexion The Common Initiative, estime qu'il «n'y a pas assez de place dans ces discussions pour les transformations industrielles nécessaires dans les pays producteurs». «Certains abordent le sujet sous un angle de politique industrielle, de commerce international et d'accès au marché, alors que de l'autre côté, on ne les écoute pas et on parle de réglementation, d'environnement et de santé, ça ne peut pas marcher», a-t-il dit. (afp)

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