Explosion de joie à l'accueil de la nouvelle ce mardi, lors d'un rassemblement de la coalition pro-avortement à Columbus, capitale de cet Etat du Midwest contrôlé par les républicains. Il faut dire que les deux camps avaient mené une campagne acharnée à coups de millions de dollars et de spots télévisés omniprésents, envoyant également des milliers de volontaires frapper aux portes des habitants pour les rallier à leur cause.
«C'est votre corps, vos droits», s'est réjoui un autre. Le président des Etats-Unis d'Amérique, Joe Biden, a également salué le résultat. «La démocratie a gagné», a-t-il dit dans un communiqué. Le programme «extrême et dangereux» des opposants à l'avortement «est en décalage avec la grande majorité des Américains», a-t-il affirmé.
Depuis que la cour suprême américaine a cassé à l'été 2022 l'arrêt qui garantissait le droit fédéral des Américaines à interrompre leur grossesse, la question du droit à l'avortement est revenue aux Etats. Plusieurs l'ont restreint ou interdit, d'autres l'ont renforcé. L'Ohio vient donc de s'ajouter aux Etats, progressistes comme conservateurs, qui, l'an dernier, ont systématiquement voté pour les pro-IVG lors de scrutins sur l'avortement, à la grande surprise des républicains.
Par ailleurs, une tentative de la droite de compliquer l'organisation et l'adoption de référendums (avec l'avortement en ligne de mire) avait échoué en août.
Les défenseurs de l'avortement ont eux réussi à rassembler des centaines de milliers de signatures afin de soumettre à la population un amendement constitutionnel consacrant le droit à l'IVG. Le texte prévoit que tout individu ait «le droit de prendre et d'appliquer ses propres décisions» en matière notamment d'avortement, de contraception et de traitement lié à la fertilité ou aux fausses couches. Pour ses opposants, comme le gouverneur républicain Mike DeWine, cela ouvrirait la porte à des avortements «à n'importe quel moment pendant la grossesse» et à la possibilité que des mineures y aient recours sans l'accord de leurs parents. Le camp adverse le dément catégoriquement.
Il s'agissait pour les défenseurs de l'IVG de contrer une loi, entrée en vigueur après la décision de la cour suprême l'été dernier, qui bannit la plupart des avortements, même en cas de viol ou d'inceste, dès qu'un battement de coeur peut être détecté - c'est-à-dire vers six semaines, souvent avant même qu'une femme ait connaissance de sa grossesse. Cette législation est actuellement en suspens en raison d'une bataille juridique. Pour le moment, l'avortement est légal dans l'Ohio jusqu'à environ 22 semaines de grossesse.
Pendant le court temps durant lequel la loi restrictive a été en vigueur, une fillette de 10 ans enceinte après un viol a dû se rendre dans l'Indiana voisin pour avorter. L'affaire avait choqué dans tout le pays.
Ailleurs aux Etats-Unis, la question de l'avortement était également dans tous les esprits lors de deux autres scrutins mardi. Dans le très conservateur Kentucky, le gouverneur démocrate Andy Beshear est parvenu à se faire réélire, selon les projections des médias américains. Il avait fait du droit à l'IVG un axe majeur de sa campagne.
En Virginie, où se sont tenues des élections législatives, si les républicains l'emportent, cela pourrait permettre au gouverneur Glenn Youngkin de tenter d'imposer des restrictions à l'avortement. (mbr/ats)