Ils convergent tous les ans vers un trou désertique, en quête de sensations fortes et d'une expérience inoubliable. C'est peu dire qu'ils seront servis, cette année, les «Burners» - du nom des participants du Burning Man, festival alterno-artistico-techno-bobo qui prend ses quartiers chaque année dans l'un des coins les plus inamicaux des Etats-Unis.
Un Coachella en plus poussiéreux, sans tête d’affiche ni véritable liste d’artistes programmés, dont le prix du billet avoisine les 500 dollars - 1500 en comptant le campement et tout le toutim.
Si le Burning Man est plus connu pour ses nuages de poussière dignes d'un décor de Mad Max que pour ses quantités pluviométriques, les conditions ont été bien différentes cette année. L'évènement, qui a débuté le 27 août, a été frappé, vendredi soir, par des pluies diluviennes qui ont transformé le terrain sableux en une marre de boue géante.
Au cours du week-end, c'est l'équivalent de trois mois de pluie qui s'est abattu sur la ville éphèmère de Black Rock City, installée en plein coeur du désert. Résultat: les accès au site ont tous été fermés et la circulation interrompue dans le campement dès le début des intempéries, vendredi.
Si quelques petits malins ont bien tenté de prendre la fuite, les autorités locales ont enjoint les Burners à «rester sur place, jusqu'à ce que le sol redevienne suffisamment solide et sûr» et permette à nouveau les déplacements.
Le seul moyen de quitter la «playa», l'immense terrain à ciel ouvert où se tient le rassemblement, est une randonnée de huit kilomètres à travers la boue, jusqu'à la route 34 du comté de Washoe. Pour l'anecdote, la grande ville la plus plus proche, Reno, se trouve à plus de 230 km.
Une perspective qui n'a pas été pour décourager le DJ et producteur musical Diplo et l'humoriste Chris Rock.
Parmi les autres célébrités sur place cette année, le Wall Street Journal rapporte que certains gros bonnets du secteur technologique se sont sans doute retrouvés les pieds englués dans la gadoue: le frère d'Elon Musk, Kimbal, mais aussi Brock Pierce, un éminent entrepreneur Bitcoin, et Sergey Brin, le co-fondateur de Google. Le fantasque patron de X (feu Twitter) est aussi un habitué depuis plus de 20 ans, mais on ignore si ce fidèle d'entre les fidèles était présent cette année.
L'accès au site étant extrêmement limité, les participants ont été invités, dès samedi matin, à «conserver eau, vivres, carburant et trouver un abri chaud et sûr». Ce qui ne semble ne rien altérer leur bonne humeur: sur les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les hippies et patrons de la Silicon Valley ont continué à danser, faire du yoga et sociabiliser gaiement autour d'alcool et de jus de kombucha dans les campements des uns et des autres.
Exclusive Video of #BurningMan2023
— Shadab Javed (@JShadab1) September 4, 2023
The situation may be dire but we are resilient and spirits are high. We are surrounded by mud but in good company. This burn was more intense than usual but still beyond epic.#burningmanebola #BurningMan #blackrockcity #BURNINGMUD pic.twitter.com/cH9A5OEe93
Et comme une galère ne suffit pas, la police d'Etat du Nevada a annoncé, samedi, enquêter sur une mort «survenue au cours de cet épisode de fortes pluies», sans fournir davantage de détails sur les circonstances du décès. De prime abord, selon le New York Times, elle ne serait pas liée aux conditions météorologiques.
Le festival était censé atteindre son apogée samedi soir, avec l'incendie du fameux «Burning Man», l'effigie en bois qui trône au milieu de la ville provisoire et qui a donné son nom à l'évènement. La combustion a été reportée à lundi, mais «nous ne serons sûrement pas en mesure de partir avant mardi ou mercredi», a indiqué une festivalière.
On s'attend déjà à ce que le départ des dizaines de milliers de festivaliers soit un véritable cauchemar – même dans des conditions normales, les embouteillages peuvent durer jusqu'à 12 heures. C'est ça, l'aventure du Burning Man. (mbr)