Des lois prohibant l'avortement entrent jeudi 25 août en vigueur dans trois nouveaux Etats américains. Cela restreint un peu plus l'accès à l'interruption de grossesse (IG) aux Etats-Unis, deux mois après la décision historique de la Cour suprême de revenir sur ce droit.
Le Tennessee, le Texas et l'Idaho, dirigés par des républicains, ont rejoint la dizaine d'autres Etats ayant aussi mis en place des lois dormantes votées en prévision de la décision de la Cour suprême. Ce sont désormais 21 millions de femmes, selon le Washington Post, qui se voient interdire ou très fortement restreindre l'accès à une interruption de grossesse dans au moins 13 Etats.
Depuis le 24 juin, chaque Etat a le pouvoir de légiférer sur la question. Ce jugement, une victoire historique pour le mouvement conservateur, a provoqué une tempête politique et placé la question de l'avortement au coeur de la campagne pour les élections législatives de mi-mandat prévues en novembre.
Au Texas, la loi qui entre en vigueur jeudi 25 août, punit jusqu'à la prison à vie tout soignant qui pratiquerait un avortement, avec une exception en cas de danger majeur pour la mère. Elle s'ajoute à un enchevêtrement de textes restrictifs qui avait déjà conduit à l'arrêt effectif des IG dans cet Etat de 30 millions d'habitants.
Au Tennessee, dans le sud du pays, où l'avortement était déjà prohibé au-delà de six semaines, tout praticien réalisant une IG pourra être condamné à une peine de prison. Cet Etat, tout comme le Texas, ne prévoit pas d'exception en cas de viol ou d'inceste, et des observateurs estiment que la loi n'est pas claire en cas d'intervention pour sauver la mère.
Dans l'Idaho, au nord-ouest, le nouveau texte permet de condamner de deux à cinq ans de prison les soignants qui auraient pratiqué une IG, avec des exceptions en cas d'inceste ou de viol. Un juge fédéral a bloqué mercredi 24 août une partie de cette loi, et l'Etat ne pourra pas poursuivre les médecins qui réalisent un avortement pour protéger la santé de la femme.
La veille, une décision judiciaire inverse avait été prise au Texas, illustrant la confusion autour des batailles juridiques qui se multiplient à travers le pays.
A terme, environ la moitié des Etats américains, surtout dans le centre et le sud conservateurs et religieux, pourraient proscrire ou fortement restreindre le droit à l'IG. Dans l'Indiana, une telle loi doit entrer en vigueur le 15 septembre.
A l'inverse, des Etats dirigés par des démocrates cherchent à se constituer en «sanctuaires». Et le président Joe Biden a fait de la défense de l'avortement l'un de ses thèmes de campagne, afin de mobiliser sa base électorale, et notamment les femmes, en vue des élections de novembre, qui menacent sa fragile majorité au Congrès.
Mardi 23 août, un démocrate ayant fait campagne pour le droit à l'IVG l'a emporté face à son adversaire républicain lors d'une élection dans une circonscription très disputée de l'Etat de New York. (sda/ats/afp)