Des millions d'e-mails hautement confidentiels de l'armée américaine ont fuité au cours des dix dernières années vers une adresse Internet basée au Mali. Les courriels contiennent des informations sur le personnel, des plans de voyage et des documents financiers. Selon le Financial Times, une faute de frappe est à l'origine de la fuite.
Les courriels adressés à l'armée américaine sont normalement affectés au domaine «.MIL». Or, toujours selon le journal britannique, les informations en question ont été envoyées à des adresses électroniques se terminant par «.ML», soit le code internet du Mali.
Les nombreuses fautes de frappe et la fuite de données qui en résulte ont été identifiées pour la première fois il y a près de dix ans par Johannes Zuurbier, chargé par le Mali de la gestion du domaine national.
Dans un entretien accordé au Financial Times, Johannes Zuurbier indique avoir enregistré plus de 100 000 messages mal dirigés rien qu'en 2023. Son contrat de gestion avec le Mali a expiré le 17 juillet dernier, alors l'informaticien a envoyé une lettre à l'armée américaine pour aborder le problème:
Le gouvernement malien exerce à nouveau le contrôle sur le domaine en question et dispose librement des e-mails confidentiels. En tant qu'allié proche de la Russie, le Mali pourrait transmettre ces informations à Moscou. Le gouvernement malien n'a pas répondu aux questions du Financial Times.
Cela représente un risque considérable pour la sécurité américaine. En mai 2023, un courriel aurait contenu l'itinéraire exact de James McConville, général américain et chef d'état-major de l'armée américaine.
Selon Johannes Zuurbier, l'e-mail égaré comportait la liste complète des numéros de chambre, l'itinéraire détaillé du général et de 20 personnes qui l'accompagnaient. L'e-mail contenait également des détails sur la récupération des clés de la chambre d'hôtel de James McConville.
Johannes Zuurbier affirme avoir tenté à plusieurs reprises d'alerter les autorités américaines. Mais sans grand succès. Après cela, le Néerlandais a alors collecté un maximum d'e-mails mal adressés afin de convaincre l'armée américaine de l'importance du problème.
Interrogé par le Financial Times, le lieutenant américain Tim Gorman, porte-parole du Pentagone, a déclaré être au courant de cette affaire et «prendre au sérieux toute divulgation non autorisée d'informations de sécurité nationale».
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder