Selon les médias américains, les Etats-Unis veulent livrer à l'Ukraine des armes à sous-munitions pour l'aider dans sa contre-offensive contre la Russie. La station de radio NPR et le journal New York times ont rapporté jeudi, en se référant à des représentants du gouvernement américain, qu'une annonce en ce sens devrait être faite prochainement (ce vendredi, d'après la chaîne d'information CNN). Mais ce type de munitions est controversé et interdit dans de nombreux pays.
Les Etats-Unis possèdent plusieurs types de munitions pouvant être utilisées comme bombes à sous-munitions. Elles sont généralement tirées par des obusiers ou des lance-roquettes. La Maison-Blanche ne s'étant pas encore exprimée à ce sujet, on ne sait pas quels types seront utilisés.
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Selon le site Internet Global security, la munition conventionnelle améliorée à double usage M483A1 est une technologie plutôt obsolète. Celle-ci peut contenir jusqu'à 88 grenades capables de percer les blindages et de tuer. Elle se compose d'un corps en aluminium qui peut avoir deux charges explosives différentes: l'une assure uniquement la dispersion des grenades, l'autre les fait exploser immédiatement. Des types variés peuvent être chargés: les M42, qui se répandent très largement, ou encore les M46, qui sont un peu plus lourdes et tombent généralement directement au sol.
La munition M864 est conçue pour des portées plus longues. Elle peut être tirée jusqu'à 29 km et projeter ensuite 72 obus, selon le site web spécialisé. Un système appelé «Base Bleed System» veille à ce que l'obus puisse parcourir de plus longues distances en réduisant le sillage au sol du projectile. Cette munition peut également être tirée par des obusiers de 155 millimètres.
Des lance-roquettes multiples peuvent également être utilisés à la place des obusiers pour tirer des sous-munitions. Les modèles Himars, qui ont donné à l'artillerie ukrainienne des avantages en termes de portée, sont déjà en service. Ils peuvent être équipés de missiles M26, qui peuvent chacun transporter jusqu'à 644 fragments d'obus.
Selon l'organisation non gouvernementale Human rights watch (HRW), qui condamne l'utilisation de ces armes, un tel missile disperse sa charge dans une zone de 200 mètres sur 100.
On ne sait toutefois pas si les Etats-Unis ont encore ces projectiles dans leur arsenal ou s'ils les ont déjà détruits.
Selon des experts militaires, les bombes à sous-munitions pourraient aider l'Ukraine dans sa contre-offensive contre les troupes russes réfugiées dans des tranchées. Elles sont toutefois proscrites au niveau international.
En effet, de nombreux dispositifs explosifs n'explosent pas et restent au sol. Ils peuvent donc tuer ou blesser des personnes longtemps après leur largage et constituent un danger pour la population civile. La Croix-Rouge recense 21 pays encore concernés au vu de guerres et conflits antérieurs, notamment le Kosovo, le Laos, le Cambodge et le Tchad.
Un porte-parole du Pentagone a déclaré, selon l'agence de presse Reuters, que l'administration Biden envisageait d'envoyer ces munitions en Ukraine, mais uniquement celles dont le taux de défaillance est inférieur à 2,35 pour cent.
Un traité international entré en vigueur en 2010 – la Convention d'Oslo – interdit la production, le stockage, l'utilisation et le transfert des armes à sous-munitions. Cependant, ni les Etats-Unis ni l'Ukraine n'ont adhéré à cette convention, pas plus que la Russie et la Chine. Dans la guerre d'agression russe contre l'Ukraine, les deux camps utilisent ainsi des armes à sous-munitions.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder