Donald Tusk, chef de file de la coalition des forces pro-européennes, a été élu lundi soir au poste de premier ministre polonais par la Diète (chambre basse), après huit ans de gouvernement populiste-nationaliste.
Contrôlée par l'alliance pro-UE du dirigeant, la Diète avait rejeté plus tôt lundi la proposition de nouveau gouvernement des populistes nationalistes au pouvoir depuis 2015.
Après son élection, l'ancien chef du Conseil européen a remercié les Polonais pour leur confiance accordée lors des élections du 15 octobre.
Le vote sur la candidature du représentant de gauche a eu lieu après l'échec d'une tentative des populistes de former un nouveau gouvernement.
Même si la coalition des forces pro-européennes a remporté les législatives du 15 octobre, c'est au pouvoir nationaliste sortant que le président Andrzej Duda, a d'abord confié la tâche de constituer un gouvernement, retardant de près de deux mois la fin des huit ans du camp nationaliste populiste au pouvoir.
Le dirigeant fraîchement élu espère pouvoir représenter son pays au prochain sommet européen, ces jeudi et vendredi à Bruxelles.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est lui aussi félicité de l'élection, en appelant à «l'unité» face à Moscou.
Lors de la campagne électorale, le démocrate s'est fait fort de débloquer des milliards d'euros d'aide européenne qui ont été gelés en raison de tensions de longue date entre Bruxelles et le gouvernement sortant.
Il a également déclaré qu'il rétablirait la crédibilité de la Pologne au sein de l'UE et qu'il lui donnerait une voix importante dans le contexte de la guerre en cours dans l'Ukraine voisine.
Les attentes sont énormes envers ce futur gouvernement pro-européen, mais les nationalistes populistes resteront une opposition puissante et continueront à contrôler plusieurs institutions d'Etat.
Les analystes parlent d'«une toile d'araignée» tissée par le principal parti de droite, le PiS, d'autant plus solide que le mandat présidentiel ne s'achève qu'en 2025 et qu'il peut à tout moment jouer de son droit de veto sur les lois adoptées par le parlement.
Le PiS a profité des deux mois de pouvoir supplémentaires qui lui ont été offerts en cadeau par le chef de l'Etat «pour se renforcer institutionnellement et financièrement», a déclaré à l'AFP l'analyste politique Jaroslaw Kuisz.
Le parti nationaliste a ainsi nommé ses représentants à la tête de différentes institutions, avec des mandats souvent irrévocables, des procureurs au parquet national et environ 150 nouveaux juges, choisis par un organe critiqué par Bruxelles pour sa dépendance au PiS. (ats/jch)