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L'UE pourrait copier la Suisse sur les «steaks végétariens»

Céline Imart, agricultrice et pose près de sa ferme à Cuq-Toulza, dans le sud-ouest de la France.
Céline Imart, agricultrice et députée européenne, pose près de sa ferme à Cuq-Toulza, dans le sud-ouest de la France. Elle souhaite abolir la dénomination actuelle de certains produits végétariens par égard pour les agriculteurs et les consommateurs.Image: LIONEL BONAVENTURE / AFP

L'UE pourrait copier la Suisse sur les «steaks végétariens»

Les termes «steak», «burger» ou encore «saucisse» attribués à des produits sans viande n'ont pas la cote chez tout le monde. Une eurodéputée française veut les interdire, ravivant un vif débat en Europe.
07.10.2025, 20:5907.10.2025, 20:59
Bouchra BERKANE, Bruxelles / AFP

«Steak végétal», «saucisse de légumineuses», «jambon végan»... Ces dénominations sont menacées par un vote au Parlement européen mercredi, porté par le milieu agricole qui voit dans les protéines végétales, une menace pour la viande.

Céline Imart, la députée européenne de droite à l'origine du texte et également exploitante céréalière, proteste:

«Ce n'est pas de la saucisse et ce n'est pas du steak, tout simplement, il faut appeler un chien un chien et un chat un chat»
«Reprendre ces noms, c'est tirer parti de la renommée de ces produits, il y a un côté mensonger dans cette récupération.»

C'est notamment ce qu'a statué la justice suisse en mai de cette année. Une magistrate du Tribunal fédéral soulignait que les appellations litigieuses ont un but commercial. Elles ne s'adressent pas uniquement aux consommateurs véganes mais aussi à d'autres clients qu'il s'agit de convaincre en suggérant que le produit proposé est équivalent à la viande. Dans ce contexte, le Tribunal fédéral a conclu que l'objectif de protection contre la tromperie et la confusion revêtait une importance particulière.

Après ce jugement, le Département fédéral de l'intérieur (DFI) s'était félicité de cette décision, arguant que les produits mis sur le marché doivent être étiquetés de manière transparente afin d'éviter toute confusion.

Un vote pas gagné d'avance

Les produits végétariens imitant la viande ont connu un essor au cours des dernières années, porté par le souci des consommateurs de manger sainement ou de réduire leur empreinte environnementale, alors que les élevages sont de gros émetteurs de CO2.

Si le texte, débattu ce mardi à Strasbourg, est adopté le lendemain, les aliments étiquetés «saucisse», «hamburger», ou encore «escalope» ne pourraient être appelés ainsi que s'ils contiennent de la viande.

L'issue du vote reste toutefois incertaine, et les eurodéputés devront encore négocier avec les 27 Etats de l'Union européenne sur la modification proposée.

De son côté, la filière Elevage et Viande française (Interbev) «refuse que les protéines végétales s'approprient les dénominations de la viande à des fins marketing», car elles «brouillent les repères et affaiblissent la reconnaissance d’un produit brut et 100% naturel».

Son président, Jean-François Guihard, déclare:

«Sans protection claire, les consommateurs risquent d’être trompés par des produits qui empruntent les codes de la viande sans en être. Ces dénominations doivent garantir une distinction nette entre deux produits fondamentalement différents.»

Cette controverse est un «écran de fumée», rétorque l'eurodéputée écologiste néerlandaise Anna Strolenberg:

«Une interdiction des "Veggie Burgers" ne changera rien pour les éleveurs»

Un équilibre des partis qui a beaucoup changé

Cette loi est «une diversion pour faire le buzz», appuie son collègue vert David Cormand:

«On passe à côté des sujets majeurs pour l'agriculture»

Ce n'est pas la première fois qu'un tel texte est débattu au Parlement. En 2020, les eurodéputés avaient rejeté une loi visant à interdire les appellations de «steak» ou «burger» pour des produits végétariens sans viande animale.

Mais les élections européennes de 2024 ont changé l'équilibre des partis, accordant plus de places aux députés de droite, qui revendiquent leur proximité avec le secteur agricole.

Cette initiative s'inscrit aussi dans une «logique de cohérence avec la réglementation européenne, qui protège déjà les termes issus des produits laitiers» de leurs alternatives végétales. En ce sens, Céline Imart plaide:

«Il est légitime d'en faire de même pour la viande»

Un vif débat

Mais pour Nicolas Schweitzer, le PDG de la marque française La Vie qui fournit Burger King en bacon végétal:

«Le but n'est pas de nuire aux éleveurs»
«C'est une manière plus simple et évidente pour le consommateur de comprendre ce qu'on lui propose, qu'il pourra les cuisiner de la même manière, que les produits contiennent des informations nutritionnelles équivalentes.»

Il estime en outre que:

«Ce sont des produits qui cochent toutes les cases qui adressent toutes les problématiques de bien-être animal, d'élevage intensif, de réchauffement climatique… Cela devrait être encouragé, pas complexifié.»

Des craintes dans les grandes chaînes

En Allemagne, le sujet inquiète les supermarchés, dont Lidl et Aldi, qui considèrent qu'exclure des termes familiers permettant aux «consommateurs de faire un choix éclairé», rendrait «beaucoup plus difficile pour les entreprises la vente de leurs produits», alertent-ils.

Cela «affecterait particulièrement l'Allemagne», soit le plus large marché pour les alternatives végétales en Europe, assurent-ils.

Ce dossier agite aussi les passions en France, où un décret proposant lui aussi d'interdire ce type d'appellation avait été pris en 2024, pour apaiser la colère des agriculteurs. Il avait été annulé par le Conseil d'Etat fin janvier 2025, dans la foulée d'une décision de la Cour de justice de l'Union européenne.

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