Le suspect d'un quadruple meurtre refuse sa propre libération
Expertises psychiatriques et juridiques tirent la même conclusion: Thierry Cahuzac, originaire de Perpignan, menace trop sérieusement autrui pour pouvoir se déplacer librement dans la nature.
Ce chômeur du sud de la France, âgé de 53 ans, suspecté d'un quadruple homicide, souffre de crises de paranoïa, d'épisodes de violence et ne connaît aucun remords, comme en témoigne le récit de l'audience par Le Parisien.
Un massacre assumé
Par une chaude journée d'août 2020, Thierry Cahuzac se rend chez ses parents dans un quartier tranquille de Perpignan. Il racontera plus tard comment, armé d'un couteau, il a attaqué ses parents. Sa mère reçoit 16 coups de lame. Au milieu du carnage, alors que le couple agonise, l'homme s'interrompt pour fumer une cigarette, avant de finalement rentrer chez lui. Le lendemain matin, il réserve à ses beaux-parents un sort tout aussi glaçant: après les avoir abattus avec une carabine, il leur inflige 42 coups de couteau.
Ce mardi, la présidente du tribunal n'a pas lésiné sur les détails de la tuerie, pour faire comprendre une chose: compte tenu de la gravité du quadruple meurtre, le suspect ne devrait pas être relâché.
Le problème? Sa détention provisoire arrive à son terme. Selon la loi, si le procès n'a pas commencé après un délai d'instruction de trois ans, l'accusé devrait, en théorie, être libéré. Thierry Cahuzac est censé sortir à la mi-octobre.
Un suspect étrangement de bonne humeur
C'est la raison pour laquelle la présidente du tribunal a convoqué une audience à Perpignan cette semaine, afin de débattre de l'affaire et ce qu'il convient de faire du cas de Thierry Cahuzac. Mais même son avocate a dû s'y résoudre: une remise en liberté ne semble pas envisageable.
Comme pour confirmer ses dires, l'auteur du crime a réagi comme si tout cela ne le concernait pas: durant l'audience, il s'est montré de bonne humeur, a adressé des signes à sa femme et à son fils de 23 ans, dans la salle d'audience, quand il ne plaisantait pas avec son avocate.
Lorsqu'il a pris la parole, il s'en est encore une fois pris à sa famille, qu'il estime responsable de sa vie gâchée. Si toutes les personnes dans l'assistance s'attendaient à ce qu'il demande sa libération après les trois ans inconditionnels de détention provisoire prévus par le code de procédure pénale français, ils ont été surpris. Thierry Cahuzac s'est égaré dans des explications abracadabrantes sur le droit et la justice, puis a déclaré qu'il «refuserait» toute libération, comme l'a annoncé stupéfait le journaliste du Parisien.
L'ex-épouse du meurtrier présumé, qu'il a tenté d'étrangler lors d'une fête de Noël en 2011, a expliqué que son ancien partenaire ne renonçait pas à sa libération parce qu'il avait des remords, ou parce qu'il avait pris conscience de sa dangerosité – mais qu'il fallait plutôt y voir la manifestation de son comportement théâtral, complètement déconnecté de la réalité.
Elle et son fils de 23 ans vivent toujours à Perpignan, heureux d'avoir échappé à «l'enfer», comme ils l'ont déclaré à l'entrée du tribunal. Selon l'avis d'éminents juristes, la présidente du tribunal a maintenant une bonne raison de renoncer à la libération prescrite par la loi. Elle rendra sa décision sur cette question la semaine prochaine.
Quant à Thierry Cahuzac, il sera jugé pour les quatre meurtres en décembre prochain.
Traduit et adapté par Valentine Zenker
