Elle l'appelle aujourd'hui «la chose» car le mot «crâne» lui renvoie l'image. C'est ce qu'explique auprès de BFMTV la randonneuse qui a trouvé les restes du corps du petit Emile le samedi 30 mars sur un chemin proche du Haut-Vernet.
Le jour de la macabre découverte, cette retraitée de la région souhaitait aller se promener, comme à son habitude, mais elle hésite. Il faut dire qu'il fait «un temps à rester sous la couette», comme elle le raconte à nos confrères. Elle se décide tout de même à sortir, se prépare un pique-nique et s'en va.
La marcheuse explique que cela faisait bien «un mois, un mois et demi» qu'elle n'avait pas emprunté cet itinéraire, fréquenté surtout en été selon ses dires.
Elle sort sans montre ni portable. D'ailleurs, celle qui se définit comme «une érudite moderne» n'en possède pas. Mais elle sait qu'il est midi quand elle part, car elle se repère au son du clocher de l'église romane.
La randonneuse ne sait plus depuis combien de temps elle marche. Elle le reconnaît volontiers elle-même: elle n'a pas la notion du temps. Quand apparaît sur le chemin... un crâne. «La chose.» Elle ne doute pas une seconde. Elle sait qu'il s'agit du petit Emile, explique-t-elle, des larmes dans les yeux, comme le relate BFMTV.
Les émotions se bousculent chez la marcheuse. Sa détresse est vive. «Je pleure, puis je me calme.» Car celle qui n'a pas de portable et ne peut pas appeler la police sait qu'elle doit prendre une décision. Le laisser ici, au risque qu'il soit déplacé ou qu'elle ne retrouve plus le chemin?
Le vent du sud-ouest, sec et chaud, souffle fort et provoque des éboulements. La retraitée décide donc de prendre «la chose», mais sans y toucher. Elle a alors une idée: se servir des deux sacs plastiques qu'elle a sur elle. Elle dit les utiliser lorsqu'elle part en randonnée, pour garder ses pieds au sec si besoin.
Elle s'en sert pour prendre le crâne. Les gendarmes lui demanderont tout de même s'il n'y avait pas son ADN dans les sacs en plastique, mais elle avouera ne pas le savoir. Elle repère un sapin couché à proximité, car elle se dit qu'elle devra montrer aux enquêteurs où elle a trouvé les restes du petit Emile.
En chemin, elle essaie de se presser. «Vite, vite, vite», se dit la marcheuse, qui porte le crâne à bout de bras.
Ce geste lui fait mal, mais elle continue. Car elle pense aux parents du petit garçon, qui vont enfin pouvoir enterrer leur fils.
Vers 14 heures, encore une fois guidée par le son des cloches, la retraitée arrive chez elle. Elle pose le crâne sur sa terrasse et appelle les gendarmes. Elle se refuse à faire entrer les os dans sa maison. «Inconcevable.» Elle se fait un café en attendant l'arrivée des enquêteurs.
Lorsqu'ils arrivent, ils emmènent la randonneuse. D'abord sur les lieux de la découverte, puis en audition. Ils la garderont en tout pendant neuf heures et la ramènent chez elle aux alentours de minuit. Le lendemain, les gendarmes reviennent chez elle et embarquent des appareils électroniques.
Ses affaires lui seront rendues une semaine plus tard. Nos confrères de BFMTV précisent encore que selon leurs informations, elle n'a jamais été placée en garde à vue, et rien n'indique qu'elle soit suspectée de quoi que ce soit dans la disparition de l'enfant. Croyante, la randonneuse dit encore que sa foi l'aide. «Je suis épuisée mentalement et physiquement.» Elle n'est pas retournée se balader.